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français vers portugais: Art. Científico: Peut-on traverser les Tumuc Humac? General field: Sciences Detailed field: Géographie
Texte source - français Peut-on traverser les Tumuc Humac ? Réflexions autour de la configuration historique et géographique de l’extrême sud de la Guyane.
Les monts Tumuc Humac, ou montanhas Tumucumaque en portugais, ont fasciné des générations d’aventuriers pour lesquels leur traversée constituait un exploit aussi désirable qu’une première montée de l’Everest – mais qu’aucun n’a réalisée in extenso. Ces aventures, parfois mortelles, étaient en grande partie liées à l’attrait du toponyme mais toute la question est que la nature géographique de ces fameux « monts » est pour le moins douteuse. Intensément présentes et vécues pour les uns, inexistantes pour d’autres, « les Tumuc Humac » sont des montagnes mythiques, c’est-à-dire un espace géographique qui convoie plusieurs niveaux de significations - rappelant la condition de terre mythique qu’Emmanuel Lézy (2001) attribue à la Guyane. Dans ces conditions, à quoi reviendrait leur traversée ? À partir d’une recherche bibliographique mais aussi des données recueillies sur le terrain durant plusieurs expéditions durant lesquelles j’ai pu traverser la région du nord au sud et d’est en ouest, cet article souhaite explorer les aspects historiques ou géo-historiques et territoriaux que cette question, qui n’est pas uniquement rhétorique, permet d’aborder.
Car pour « traverser les Tumuc Humac », encore faut-il que ces derniers existent en tant qu’objet géographique. Or malgré des voyages d’exploration précoces, ce n’est que tardivement qu’ils entrent en scène, et plus souvent par leur franchissement via les chemins amérindiens qui les bordent que via leur parcours direct. De barrière physique (« les Pyrénées amazoniens »), ils deviennent une barrière aussi symbolique, puisque érigés en frontière par l’arbitrage suisse du Contesté franco-brésilien en 1900. Or c’est en matérialisant la frontière que les géographes de l’IGN, emmenés par J. M. Hurault, pourront démontrer l’absence d’une vraie chaîne de montagne dans le sud de la Guyane. Ce faisant, s’ils retirent la barrière physique, ils matérialisent la barrière symbolique, le franchissement des Tumuc Humac devenant un enjeu diplomatique susceptible d’autorisations, de visas ou de contrôle, une dimension renforcée par leur placement dans les années 2000 au cœur de deux parcs nationaux, même si ce contrôle est dans la pratique essentiellement symbolique puisque l’éloignement de la région la rend vulnérable à toutes les traversées ou exploitations illégales. En parallèle, les nouvelles données géographiques fournies par l’observation spatiale permettent de mieux en connaître la configuration topographique et hydrographique, ce qui permet de lever une partie du voile sur la contradiction existant entre la rationalité géographique et le ressenti des explorateurs.
À partir de documents historiques, de données géographiques d’observation spatiale et de nos observations de terrain, nous aborderons en premier lieu le contexte historique de l’apparition des Tumuc Humac, puis leur transformation en une zone d’accès contrôlée (et les difficultés de ce contrôle) avant de proposer quelques réflexions sur leur configuration topographique et sur ses implications en termes de déplacement. Car traverser les Tumuc Humac est possible, toute la difficulté consistant à choisir le bon chemin.
Des premières explorations à l’apparition des Tumuc Humac
L’intérieur de la Guyane a été exploré tardivement, si bien que ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que les voyageurs (tout au moins ceux qui, participant d’expéditions officielles, ont laissé des récits de leurs voyages) parviennent dans le sud de l’actuel département français. La lecture de ces rapports ne laisse cependant pas clairement supposer l’existence d’un relief particulier dans cette zone et il faut attendre les célèbres explorateurs Jules Crevaux et Henri Coudreau pour que la légende des Tumuc Humac prenne réellement corps. En parallèle et paradoxalement, la présence amérindienne qui a permis les premières circulations dans la zone décroît rapidement, si bien que la révélation au grand public du sud de la Guyane coïncide avec l’écroulement du système qui y permettait une certaine circulation.
Figure 1 : carte générale de la région des Tumuc Humac
Figure 1 : carte générale de la région des Tumuc Humac
Un massif tout d’abord ignoré
L’exploration du sud de la Guyane a été tardive, principalement du fait de l’éloignement de Cayenne et de la difficulté de remonter les cours d’eau barrés de très nombreux sauts. Seules deux voies permettent d’y accéder depuis le littoral guyanais : les fleuves Oyapock et Maroni, qui donnent accès, après au moins 250 km de navigation sur leur cours principal, à des affluents qui drainent toute la région qui fait aujourd’hui frontière avec le Brésil (Figure 1). Les premières expéditions pour lesquelles on dispose de documents ont eu lieu au cours du XVIIIe siècle et elles ont principalement utilisé l’Oyapock, sur lequel existaient des missions jésuites qui constituaient des points d’appui et permettaient d’avoir des informations sur le peuplement amérindien de l’arrière-pays, voire de disposer de guides et de porteurs1. Beaucoup d’autres n’ont pas été documentées et ont probablement été informelles. Noyer (1831) signale ainsi que les Jésuites implantés sur l’Oyapock avaient mené des reconnaissances pour leur propre compte et qu’ils savaient que la zone constituait un seuil à partir duquel on pouvait gagner des cours d’eau affluents de l’Amazone. Comme les Amérindiens parcouraient le réseau hydrographique d’un côté et de l’autre et en maîtrisaient parfaitement la configuration, des informations sur les possibilités de communication entre les versants Nord et Sud des Tumuc Humac ont probablement été obtenues dès les premiers contacts.
La première exploration qui atteigne véritablement le partage des eaux dont nous avons trace est celle du sergent La Haye, en 1728-29. Celui-ci remonta l’Oyapock, s’engageant ensuite dans la rivière Camopi et passant la ligne de partage des eaux en direction de l’Amazone pour parvenir jusqu’aux chutes de Macacoara sur le Jari. Ce faisant, il réalise la première traversée nord-sud de la région des Tumuc Humac, mais il ne mentionne à aucun moment ce toponyme dans son récit, et ce alors qu’il fréquenta de nombreux villages amérindiens tout au long de son parcours et qu’il s’intéresse aux noms donnés aux cours d’eau et à la toponymie locale en général. Il rend compte de la difficulté du trajet et de l’alternance entre de fortes collines et des zones de marais, et décrit de manière assez claire les inselbergs qui caractérisent la région. Toutefois, arrivé à une quinzaine de kilomètres du partage des eaux et posté sur un point haut, il décrit non pas une barrière montagneuse mais plutôt comme un paysage dans lequel quelques pics sont parsemés au milieu de grands marécages : « Le deuxième jour de marche, nous avons passé par-dessus une montagne assez rapide laquelle, sur son sommet, est comme une plateforme de rochers où il n'y croît que des aziers. De dessus cette plateforme, on découvre deux autres montagnes yaroupis, une qui est fort éloignée de celle-ci et l'autre, qui en paraît fort près, n'est que de rochers de grizons, mais monstrueuse et fort à pic. […] Il n'y a ni arbres ni aziers qu'un petit bouquet d'aziers sur sa tête. Je voulus l'aller voir au pied, mais les Indiens m'ont cherché mille difficultés soit de crainte d'y aller ou autre chose, […]. Nous avons continué notre chemin fort fatigués par rapport aux montagnes qu'il nous fallait monter à tout moment qui étaient fort à pic. Nonobstant cela, les chemins ne sont frayés aucunement et au bas de ces montagnes il ne se trouve que des marécages par lesquels il faut passer. » (de Villiers, 1920 :117-118).
Bien que difficile d’accès, la région du partage des eaux avec l’Amazone n’est cependant pas inaccessible, et elle recèle des ressources intéressantes. La Haye localise autour des sources du « Cuyari » (l’actuelle rivière Culari3) des forêts très riches en cacaoyers sauvages. Vu la spéculation qui entourait le cacao à cette époque (Alden, 1976) et les profits potentiels, plusieurs expéditions reviennent les années suivantes vers cette zone par divers itinéraires (Froidevaux, 1895) : Capperon dès 1730, Monty en 1731 via l’Aprouague et de nouveau La Haye en 1731-32, qui redescendit cette fois-ci par le Maroni. Aucun n’utilise le toponyme Tumuc Humac (ou quoi que ce soit d’approchant) pour désigner les reliefs qu’ils franchissent. Le premier mentionne des collines et des inselbergs, mais pas de chaîne de montagne4. Le second fait état d’un panorama plus contrasté quand il décrit le paysage aperçu depuis le haut d’un inselberg, mais il ne fait pas mention d’une chaîne de montagne barrant l’horizon au sud : « Le 3 juillet, Je suis allé voir la montagne du rocher de Maecoli, qui est nue, n'ayant point d'arbre dessus, extrémemant haute et a piq. J'i ay découvert plusieurs autres montagnes de roches : une semblable à celle de Maheury au Norrest, quelques unes assés rares au Nord et Ouest, une chaine de montaignes très élevées à l'Est, d'autres un peu moins hautes au Sud Est Sud Est. »5. La « chaîne de montagnes très élevée à l’est » est probablement le mont Saint Marcel6, et on note que celle-ci ne configure pas un ensemble continu puisqu’elle est distincte des autres, moins remarquables, qu’il identifie dans les autres directions. Il est possible aussi qu’il ait pu apercevoir dans la même direction des reliefs de l’interfluve Oyapock/Araguari, situés donc plus dans le nord-est de l’actuel Amapá qu’au sud de la Guyane française. C’est sans doute cette même « montagne » qu’ont franchie La Jeunesse et Saint Julien en 1744 lors de leur voyage de l’Oyapock vers l’Araguari (Ibid.)
En 1767, c’est au tour de Patris de se lancer vers le haut Oyapock et le sud de la Guyane. Il remonte également la rivière Camopi mais utilise le chemin des Emérillons7 pour rejoindre le bassin du Maroni. Ayant atteint ce fleuve, il le remonte et entre en contact avec les Roucouyennes (Wayana). Selon le récit le récit du mulâtre Tony8, il franchit le seuil entre le Litani et la rivière Mapaoni, affluent du Jari et donc située dans le bassin de l’Amazone (Barbé de Marbois, 1834 : 306). Incapable de persuader ses guides de le suivre en direction du grand fleuve, il rebrousse chemin et rejoint Cayenne en descendant le Maroni. Tony donne des détails sur l’organisation des villages amérindiens rencontrés autour du Maroni, en particulier sur l’existence d’une véritable confédération wayana autour du cours supérieur du Jari et de la rivière Litani, que sur la configuration géographique de la frontière. Il note toutefois la présence des inselbergs « Il y a près de leur village une montagne appelée Conyarionaca : ce ne sont que des rochers entassés où il ne croît aucune plante. Quand on est au sommet on découvre vers l’ouest, une grande chaîne de montagnes. ». Il précise aussi que c’est dans cette zone que se trouve la ligne de partage des eaux avec le bassin de l’Amazone : « D'un autre côté, en allant vers le sud, on trouve, à une journée de marche le haut de la rivière Mapahoni; elle se rend dans le Yari, et celle-ci dans l'Amazone. Ainsi, les Rocouyens habitent le point le plus élevé de cette partie du continent, puisque c'est là que les rivières et les fleuves se partagent. Pour couler, dans l'Océan d'un côté, et dans l'Amazone, de l'autre. » (Barbé de Marbois, 1834 : 305).
A peine deux ans plus tard le géographe Simon Mentelle réalise lui aussi un voyage dans la région. L’expédition de Patris a en effet permis d’établir un bon contact avec les Wayana, et ceux-ci se plaignent des incursions de noirs marrons réfugiés depuis le Surinam. Le gouvernement de la Guyane dépêche donc une expédition pour s’informer de la situation et le cas échéant repousser l’invasion. Mais le trajet retenu passe beaucoup plus au nord, puisqu’il exploite une fois de plus le passage entre les bassins de l’Oyapock et du Maroni par la rivière Grande Tamouri et le chemin de portage des Emérillons. Mentelle semble toutefois avoir obtenu des informations sur le sud de la région. Selon Noyer (1831), c’est lui qui aurait conseillé au docteur Leblond de chercher des arbres à quinine dans le sud, en raison de la présence probable d’une grande chaîne de montagne.
L’expédition de Leblond, en 1789, aurait pourtant pu alerter sur le fait que la réalité ne correspondait pas à cette vision. Celui-ci comptait en effet lui aussi trouver d’important reliefs : « Je suis parti pour l'Oyapock avec beaucoup de vivres, des marchandises de traite et vingt-quatre hommes dans l'intention de gagner les sources de ce fleuve, traverser de hautes montagnes qui, dit-on, sont une suite des Cordillières, pour y faire la recherche du quinquina et tomber ensuite sur quelques rivières qui m'aurait conduit à l'Amazone ; », mais il note après avoir dépassé les sources de l’Oyapock : « Je me suis enfoncé dans les terres pendant trois jours en faisant le sud. J'ai dépassé de plusieurs lieues les sources de l'Oyapock et n'ai point trouvé cette chaîne de hautes montagnes dont on m'avait tant parlé... » (Hurault, 1965 : 13).
Crevaux et Coudreau créent la légende des Tumuc Humac
Des informations publiées dans le premier tiers du XIXe siècle et du prix proposé par la Société de Géographie de Paris pour l’exploration de l’intérieur de la Guyane, on peut déduire que l’existence d’une barrière montagneuse continue au sud de cette région s’est peu à peu imposée dans les esprits à partir de trois déductions. La première est relative à l’importance des cours d’eau. La largeur des fleuves Oyapock et Maroni à leur embouchure et l’extension visiblement modeste de leurs bassins a fait supposer aux géographes qu’ils provenaient de régions montagneuses aptes à capter d’importantes pluies. La seconde est un peu similaire mais concerne l’Amazone : un si grand fleuve ne pouvait selon eux que disposer d’un bassin délimité par de hautes montagnes. Si le partage avec les bassins versants de nombreux fleuves (Essequibo, Orénoque ou fleuves drainant la côte pacifique de l’Amérique du Sud) se réalisait au milieu de véritables massifs montagneux, il paraissait logique qu’il en fût de même pour le sud de la Guyane. La troisième est proposée par Jean Marcel Hurault (1973) qui souligne l’importance des métaphores physionomistes à l’époque. On voit la terre comme un organisme vivant et on y cherche donc une colonne vertébrale, des côtes ou des os, matérialisés par le relief. Là encore l’analogie avec l’immensité de l’Amazone joue, et il faut que cette ossature terrestre soit à sa mesure. Il ne faut donc pas moins d’une cordillère pour séparer la Guyane du Brésil.
Malgré l’avertissement de Leblond, donc, l’idée d’une barrière montagneuse reste. Elle gagne peu à peu un nom puisque le toponyme Tumuc Humac apparaît sur les cartes à la fin du XVIIIe siècle, pour devenir courant à partir de 1840 selon Gabriel Marcel (1898). La première carte en faisant état est celle d’Olmedilla (1775), qui mentionne une « Sierra de Tumucuràque » juste au sud de la Guyane hollandaise9, mention et position reprises dans la fameuse carte de Surville de 1778 (Figure 2). Dans cette seconde carte, la sierra en question se trouve au sud du lac Parimé, censé border la fameuse cité d’Eldorado (la carte d’Olmedilla indique aussi un lac mais ne le nomme pas), lien qui explique sans doute en partie la fascination exercée par les monts Tumuc Humac par la suite. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le toponyme migre vers l’est et se rapproche de la Guyane française, à laquelle il n’est rattaché par aucune racine étymologique plausible dans les langues amérindiennes de la haute Guyane, malgré les efforts de Crevaux pour lui trouver une signification. Sa forme définitive (en français) apparaît dans la carte de l’enseigne de vaisseau Vidal, qui a coordonné les travaux de délimitation de la frontière avec la Guyane hollandaise en 1860 (Hurault, 2000). Vidal représente la « Sierra Tumuc Humac » comme une véritable cordillère de partage des eaux.
La matérialisation dans les récits des explorateurs tarde pourtant à venir. Autour de 1830, tant Adam de Bauve que le pharmacien Leprieur parcourent la région des sources de l’Oyapock et passent dans le bassin du Jari dont ils descendent les cours d’eau. Ni l’un ni l’autre ne font état du toponyme Tumuc Humac, pas plus qu’ils ne parlent de montagnes. Leprieur, en particulier, mène des reconnaissances dans la zone du partage des eaux. Il indique ainsi : « Tout le pays que, pendant ce temps j'ai visité, est assez accidenté, mais fort peu élevé ; les suites des collines que l'on y rencontre, ne dépassent pas, dans la partie que j’ai parcourue, 600 mètres d'élévation. » (1834 :221). Toutefois lui-même a dû entendre la théorie voulant qu’il y ait des reliefs plus prononcés, et il est lui aussi sensible à l’analogie avec la taille des cours d’eau, si bien qu’il écrit encore « […] les montagnes sont en grand nombre, et la direction des lignes qu'elles forment est presque Est ou Ouest, peu élevées en général (au moins celles que j'ai mesurées), quoique donnant naissance, à l'Oyapok, à l'Arawari, à Mapari ou Jari, et autres rivières, tributaires de l'Amazone ou de l'Océan ; elles ne doivent être considérées que comme la partie la plus basse des contreforts les plus Est de la ligne de partage des eaux des Guyanes française, et brésilienne. » (Ibid. : 209). Il y aurait donc des montagnes, mais plus loin…
Figure 2 : la carte de Surville (1778, Source David Rumsey Map collection).
Figure 2 : la carte de Surville (1778, Source David Rumsey Map collection).
Il faut attendre les années 1870 et les explorations du médecin Jules Crevaux pour que le nom Tumuc Humac (reprenant la graphie de Vidal, ce qui laisse imaginer que ce sont ses cartes qui ont inspiré Crevaux et après lui Coudreau) apparaisse clairement. Celui-ci fait en effet de la traversée de cette « chaîne » le but explicite de son voyage. Il y parvient bien plus facilement que prévu (en remontant le Maroni) et il note : « La chaîne des Tumuc-Humac, qui sépare les bassins du Maroni et du Yary, est moins importante qu'on ne le croyait généralement. Le baromètre ne nous a pas indiqué de hauteurs dépassant quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer. » (1883 : 90). Pas de quoi, donc alimenter le mythe, d’autant moins qu’il note que « ces observations sont en contradiction complète avec la théorie qui fait provenir tout l'or des Guyanes de la chaîne des monts Tumuc-Humac » (1878 : 411). Comme beaucoup avant lui, c’est aussi la découverte de filons aurifères qui préoccupait Crevaux (et encore plus les autorités). Or sur ce plan aussi la recherche s’avère peu fructueuse. Enfin, Crevaux semble plus particulièrement lier le toponyme Tumuc Humac avec les collines qu’il a rencontrées à proximité du Maroni : il ne mentionne presque plus ce toponyme lorsqu’il évoque son passage de l’Oyapock vers la rivière Cuc.
Figure 3 : les Tumuc Humac de Coudreau, carte publié par le bulletin de la société de géographie (1893)
Figure 3 : les Tumuc Humac de Coudreau, carte publié par le bulletin de la société de géographie (1893)
Son successeur dans l’exploration de la zone, le géographe Henri Coudreau, argumentera dans le sens contraire. Il postule en effet les Tumuc Humac comme une sorte de chaîne des Pyrénées qui marquerait la frontière avec le bassin de l’Amazone : « La Guyane monte eu amphithéâtre de la mer aux Tumuc-Humac comme par une série de hautes marches d'escalier. ». (1893 : 66-67). Et si aucun explorateur avant Crevaux n’en a parlé… c’est tout simplement qu’ils ont mal vu : « Je suis à la porte de l'inexploré. On sait en effet que la chaîne des Tumuc-Humac est restée jusqu'à ce jour complètement inconnue et dessinée au hasard sur les cartes. Aucun des voyageurs en Guyane, ni Grillet, ni Patris, ni Mentelle, ni Leblond, ni Leprieur, ni Crevaux, ne l'a pu étudier. Crevaux l'a traversée aux sources du Maroni, puis à celles de l'Oyapock ; mais, la première fois, il s'est contenté de citer quatre noms de sommets, sans laisser de levé, et la seconde fois il a passé par des cols et n'a pas vu de montagnes. Parlant à peine le roucouyenne et ne parlant pas du tout l'oyampi, il n'a pu prendre d'informations. […] J'ai devant moi un massif montagneux de 300 kilomètres de longueur sur 100 de largeur, grand comme la Belgique. Depuis trois cents ans que nous possédons la Guyane, nos voyageurs n'ont encore pu donner absolument rien de positif sur cette chaîne mystérieuse des Tumuc-Humac. Ce massif, il s'agit de le découvrir dans son ensemble, de l'étudier dans ses détails. Pour me guider, nul document écrit, nul renseignement indigène un peu précis, rien. » (Ibid. : 92).
L’objet, donc, de toute la quête de Coudreau est de traverser ces fameux monts. Il mène (et décrit avec force détail) des reconnaissances d’ouest en est, à partir de Pililipou, village où il hiverne au début de son séjour, puis il tente d’autres reconnaissances depuis l’est, notamment depuis la rivière Cuc. Lors d’une de celles-ci il réussit selon lui à relier les deux côtés, un point que Jean Marcel Hurault (1973) réfute avec de nombreux arguments qui laissent penser qu’en effet l’explorateur a pu enjoliver son récit afin de s’attribuer une « première », la traversée est-ouest des Tumuc Humac, qui était en fait hors de portée. Les cartes établies par Coudreau, en particulier celle publiée en 1893 par la Société de Géographie (Figure 3), qui fourmillent de chaînes et de chaînons, fixeront pour longtemps dans les esprits la topographie de la région. L’existence de ces montagnes est donc considérée comme acquise, alors que les preuves rapportées par l’explorateur sont bien minces. Mais qui pouvait remettre en cause la parole d’un géographe aussi hardi ?
Un obstacle manifestement ignoré par le peuplement amérindien
Une grande partie des informations recueillies par les explorateurs provient des Amérindiens habitant la région avec lesquelles ils essayaient d’avoir un dialogue leur permettant de guider leurs entreprises. Par ailleurs, la reconnaissance du peuplement amérindien constituait en elle-même une donnée importante pour les voyageurs : des ethnies amies pouvaient permettre d’aller plus loin, des ethnies hostiles ou alliées des Portugais, en particulier au XVIIIe siècle, pouvaient au contraire signifier une impossibilité d’aller plus loin – sans parler de la main d’œuvre potentielle représentée par les Indiens, La Haye lui-même ayant tenté de ramener un « esclave » échangé contre des outils dans un village de la rivière Culari.
18On trouve donc une grande quantité d’information dans tous les récits que nous avons évoqués. Invariablement, les rapports pointent l’existence de nombreux villages au nord ou au sud de la ligne de partage des eaux, ainsi que la fréquence de communication entre les deux versants. C’est grâce à ces chemins que La Haye a pu aller vers les sources de la rivière Culari, et c’est également par eux que passèrent De Bauve, Leprieur, Crevaux ou encore Coudreau pour rallier le bassin du Jari et pour certains aller jusqu’à l’Amazone.
19La facilité du passage est parfois notée, comme De Bauve qui, encore sur l’Oyapock, écrit que « Rouapirer [un chef wayãpi] me fit dire que si je voulais aussi lui donner un sabre et une hache, il aurait soin de conserver intact son établissement qu'il venait d'abandonner ; qu'il était situé à une journée plus loin sur une rivière qui se jetait dans l’Amazone » (1835 :28). Les Amérindiens du haut Oyapock pouvaient donc ouvrir des abattis sur l’autre versant, ce qui suppose qu’ils n’avaient pas trop de mal à circuler entre les deux. Leprieur note, lui, que les Wayãpi de l’Oyapock « sont unis à ceux du Jari par des liens de parenté que l'éloignement actuel n'a pas encore relâchés ; au commencement de la saison des pluies, lorsque tous les travaux de culture sont terminés, ils vont voir leurs parents ou leurs amis d'outre monts. Par suite de ces relations et de ces habitudes de voyage, il est très facile de trouver des guides pour se rendre de l'Oyapok sur le Jari, et même c'est par suite de cette facilité de communication que je m'étais déterminé à reconnaître le chemin qui conduit de l'Oyapock sur l’Amazone par cette rivière, espérant que plus tard il me deviendrait beaucoup plus facile d'obtenir les mêmes renseignements pour me diriger sûrement sur le Maroni, que les peuplades du centre désignent sous le nom d'Arawa » (1834 :212). Durant son hivernage à Pililipou [chez les Wayana], Coudreau décrit aussi la visite de voyageurs venus de l’autre côté des « monts », habitant la rivière Ximi-Ximi [affluent du Jari], au sujet desquels il note qu’ils fréquentaient aussi la rivière Ouaqui ou le cours supérieur de l’Oyapock (1893 : 157-158).
Le peuplement amérindien semble donc avoir totalement ignoré la « barrière » qu’aurait dû représenter une importante chaîne de montagne10. Mais bien qu’ils reconnaissent eux-mêmes que les Amérindiens circulent facilement dans la zone, les explorateurs n’en tirent pas la conclusion qui s’impose et ils continuent de postuler l’existence d’un massif montagneux. Quant aux difficultés rencontrées par Coudreau pour le traverser en son centre, ce alors que le sergent La Haye avait pu y pénétrer assez facilement au siècle précédent, elles sont bien expliquées, une fois encore par Jean Marcel Hurault (1957) et liées également au peuplement amérindien. C’est en effet la disparition progressive des villages, et non le relief, qui rendent cette zone impénétrable. Sans les guides qui connaissent la région et sans les points de ravitaillement que constituent les villages, les explorations rencontrent des limites logistiques impossibles à dépasser à l’époque.
Une barrière doublement symbolique au XXIe siècle
21Le XXe siècle voit un double mouvement en ce qui concerne les Tumuc Humac. D’un côté, ils sont confirmés comme frontière entre la Guyane française et le Brésil, et de ce fait ils finissent par être cartographiés. Ce dévoilement montre qu’ils n’existent en fait pas, ou tout du moins pas sous la forme postulée jusque-là. D’un autre côté, si la région est mieux connue, son accès demeure toujours délicat, non seulement en fonction des difficultés physiques, mais aussi en raison de son classement comme zone de protection de l’environnement.
Quand la montagne devient frontière (et disparaît au passage)
Comme on le sait, le tracé de la frontière entre la France et le Brésil a été finalement déterminé par le biais d’un arbitrage international rendu par la Suisse en 1900 (Granger, 2012 ; Le Tourneau, 2013). La plus grande partie de la contestation concernait le fleuve Oyapock, dans lequel les Brésiliens voulaient voir le « Japoc ou rivière Vincent Pinzon » mentionné dans le traité d’Utrecht (1713), alors que les Français soutenaient que le fleuve du traité était l’Araguari ou bien le Calçoene. L’arbitrage devait toutefois aussi répondre à un second point qui était celui du tracé de la « limite intérieure » qui séparerait les deux pays une fois déterminé le cours d’eau des traités historiques. Plusieurs options étaient possibles : « Quant à la limite intérieure, l'arbitre choisira entre les frontières revendiquées par les parties et la ligne de partage des eaux des monts Tumuc-Humac, qui aura un point de départ différent selon que l'Araguary ou l’Oyapock ou un des cours d'eau intermédiaires sera adopté comme limite maritime. » (Conseil fédéral suisse, 1900 : 8)
La sentence suisse passe peu de temps sur ce second point, alors que son importance est grande pour la configuration du territoire de la Guyane. Ayant élu l’Oyapock comme frontière jusqu’à sa source, elle opte pour l’option consistant à fixer la frontière sur « la ligne de partage des eaux jusqu’à la frontière avec la Guyane hollandaise ». Ce faisant, la Confédération helvétique tranche en retrait des positions brésiliennes puisque le Baron de Rio Branco demandait que la limite soit portée le long du parallèle 2°24’ de latitude nord, ce qui aurait eu pour effet de mettre l’ensemble des Tumuc Humac dans le giron brésilien – une demande ajoutée tardivement pour faire pièce aux revendications françaises qui allaient jusqu’au Rio Branco. Leur description par le mémoire suisse est ambigüe en ce sens qu’elle mélange les informations à sa disposition, en particulier celles provenant de Coudreau, sans toutefois adopter totalement ses thèses : « En amont, le terrain monte par degrés, jusqu'aux sommets peu élevés des chaînons orientaux des monts Tumuc-Humac. Ce système de collines dont la plus élevée a 800 mètres et dont les chaînons orientaux mesurent 400 à 450 mètres, est la région des sources de l'Oyapoc, du Cachipour et de l'Araguary ». (Ibid. :56). Si elle les assimile à un « système de collines » et non à des chaînes de montagnes, elle conserve cependant le toponyme et la description de ces reliefs comme un ensemble cohérent. De fait, la mention des Tumuc Humac se maintiendra par la suite sur les cartes durant encore un demi-siècle.
Les fameux monts voient leur étoile pâlir à partir des années 1950, avec les missions de délimitation de la frontière lancées par l’IGN. En effet, l’arbitrage suisse n’avait pas apporté d’élément nouveau sur la cartographie de la région, et le tracé figurant sur les cartes de l’époque se basait encore sur les travaux de Coudreau. Bien que l’arbitrage suisse ait prévu que la frontière serait matérialisée rapidement, rien ne fut fait durant les deux premières décennies du XXe siècle. À la fin des années 1920, une première tentative a presque eu lieu à la demande du Brésil. Cependant, le temps que la France fasse valider l’attribution des crédits par le Parlement (en 1931), le Brésil était rattrapé par la crise de 1929 et ne pouvait plus faire face à la dépense en question. Par la suite, c’est la France qui se trouva moins bien disposée, si bien que l’entreprise de clarification des frontières amazoniennes confiée à la Première commission de démarcation de limites (Primeira Comissão Demarcatória de Limites – PCDL) de Belém commença son travail avec les Guyanes anglaise puis hollandaise avant de passer au Venezuela. La France se trouva toutefois brièvement associée en 1938. En effet, la fin des travaux avec les Hollandais impliquait de délimiter le point de trijonction Brésil/Guyane hollandaise/Guyane française et des délégués français furent invités à retrouver les deux autres délégations sur le point en question (Le Tourneau, 2013). Une expédition, menée par l’ingénieur Grébert et le capitaine Richard, remonta donc le Maroni et participa à la délimitation du point en question, dont les coordonnées furent relevées. La partie française profita de sa présence pour réaliser une cartographie sommaire de la zone autour de ce point, notamment d’une partie du massif du Mitaraka.
Ce n’est qu’une décennie après la fin de la Seconde Guerre mondiale que la France et le Brésil se retrouvèrent pour l’établissement de leur frontière commune. La partie terrestre de cette entreprise intéressa peu le Brésil, ce qui est étrange au vu du grand nombre d’expéditions montées par la PCDL (devenue CBDL) pour la délimitation des frontières avec les autres voisins. Il se concentra donc principalement sur la question de l’Oyapock, qui lui semblait plus stratégique pour deux raisons. La première est que deux formateurs principaux de ce fleuve existent (Kerindioutou et Mutaquere) et que la mission de délimitation devait choisir lequel des deux était la branche principale, un point qui pouvait impliquer une perte substantielle de territoire pour le Brésil si l’affluent nord n’était pas confirmé. La seconde est que le Brésil souhaitait avoir une vision claire de sa souveraineté sur le cours de l’Oyapock, potentielle voie navigable internationale.
Les opérations de délimitation de la frontière se déroulèrent en deux temps11. En 1956-57, une série d’expéditions permirent de cartographier la région et de délimiter un tracé correspondant au terrain. EN 1961-62, sept bornes furent placées sur des points spécifiques, afin de matérialiser le tracé sur lequel les délégations s’étaient accordées. Pour ce qui est de la première phase de la « limite intérieure », les travaux furent confiés à l’IGN, sans participation du Brésil qui ne fit qu’en valider les résultats. Les ingénieurs Jean Marcel Hurault et Pierre Frénay coordonnèrent plusieurs expéditions qui remontèrent les principales rivières descendant de la ligne de partage des eaux jusqu’à la limite de navigabilité puis attinrent la frontière à pied et menèrent des reconnaissances de part et d’autre des points ainsi atteints. Ils disposaient pour leur travail d’une série de photographies aériennes prises dans le cadre d’une campagne spéciale de la forteresse volante utilisée par l’IGN à l’époque, certaines leur étant parvenues alors qu’ils étaient déjà sur le terrain. De ce fait, leurs travaux furent bien plus rapides que ceux qui étaient en général réalisés par la commission brésilienne, laquelle reposait avant tout sur l’exploration à pied des régions frontalières. En 1961-62, les Brésiliens participèrent toutefois aux travaux d’abornement, leur présence étant indispensable à la reconnaissance des bornes comme limites internationales. On notera que le tronçon entre le point de trijonction délimité en 1938 et la borne n°1 ne fut pas reconnu par les expéditions des années 1950, car la ligne de partage des eaux semblait claire sur les photographies aériennes. En 1961-62, une reconnaissance fut lancée sur les deux sommets du massif du Mitaraka, mais sans parcourir l’ensemble de la frontière dans cette zone (IGN, 2005).
L’interprétation des photographies aériennes et les travaux de terrain montrèrent qu’il n’existe ni massif, ni chaînons dans le sud de la Guyane. Le relief principal est composé d’une mer de collines sans direction particulière ni homogénéité, et en rien différente du relief du centre de la Guyane (où se trouve, d’ailleurs, le point culminant du département). On trouve une zone de relief plus marquée à l’Ouest, à proximité de la Trijonction, autour du Mitaraka, et quelques pics plus épars et bien moins élevés à l’Est (Mont du Belvédère, Mont Saint Marcel), mais rien qui permette de parler d’une barrière continue d’une extrémité à l’autre. Jean Marcel Hurault conclut donc « Coudreau meubla de chaînes et de massifs imaginaires le sud de la Guyane. On peut dire qu'il donna corps à la légende. Sa "carte des Tumuc Humac", […] révélait à ses contemporains la configuration détaillée de la fameuse chaîne, dont nul ne devait plus mettre en doute l'existence jusqu'au moment où le survol aérien de l'extrême sud prouva que cette région n'était pas plus accidentée que le reste de la Guyane. » (1973 : 244).
À l’opposé de ses deux célèbres prédécesseurs, le géographe de l’IGN entreprend alors d’expurger les cartes du toponyme litigieux, notamment afin de prévenir la fascination qui les entoure : « Dès le début des travaux IGN en Guyane (1947-1948), j'avais constaté que la chaîne des "Tumuc-Humac" n'existait pas. À plusieurs reprises, j'ai demandé la suppression de ce toponyme. Je me souviens d'avoir écrit dans l'une de ces notes : ‘en prenant cette mesure nous ne guérirons pas les déséquilibrés, mais ils iront chercher l'objet de leurs rêves dans les autres Guyanes’. » (2000 : 383). Il lance alors un avertissement (dont nous prenons toute notre part) : « L’emploi du terme "Tumuc-Humac" n'est pas anodin. Il ne se rapporte à rien de précis, car Il n’y a aucune chaîne montagneuse sur la frontière sud de la Guyane. Il est clair qu'on tend à l'appliquer à toute la partie méridionale du territoire, représentée comme un domaine mystérieux et redoutable que, sous-entendu, seuls des êtres d’élite peuvent affronter. […] Le terme Tumuc Humac résulte d’une longue suite d’erreurs et d’impostures. Il est temps de le reléguer définitivement dans le passé. » (Ibid. : 385)
Une zone sanctuarisée au début du XXIe siècle
Devenus frontière, les Tumuc Humac n’en restent pas moins de lointains confins (même s’ils n’échappent pas à toutes les pressions, comme nous le verrons plus loin). Peu accessibles, ils font partie en Guyane d’une vaste zone dont l’accès est restreint et contrôlé par la préfecture depuis 1970 afin de protéger les populations amérindiennes (Navet, 1998). Au Brésil, aucune mesure spécifique ne s’applique jusqu’au début du XXIe siècle. À ce moment, l’exceptionnel état de préservation de leur environnement – rançon de leur difficulté d’accès – les met à nouveau en avant.
L’idée de transformer la région des Tumuc Humac en une zone de protection de l’environnement n’était pas nouvelle pour le gouvernement brésilien. Le rapport RADAM consacré à la région suggérait déjà cette possibilité pour la rivière Ximi Ximi en 1975, se basant notamment sur la richesse de la région en biodiversité, et sur le fait que son relief et la qualité des sols la rendaient impropre au développement de l’agriculture. En 1992, alors que le Brésil préparait la conférence de Rio, le projet fut repris (Gallois, 2008) mais finalement mis de côté car d’autres aires protégées de grande taille allaient être créées en Amazonie. En 1999, l’idée d’une aire de protection de l’environnement qui occuperait les deux côtés de la frontière avec la Guyane française et diminuerait la pression exercée par les orpailleurs est avancée.
Mais ce n’est qu’au début des années 2000 que la situation se débloque. À ce moment, l’Institut brésilien de colonisation et réforme agraire (INCRA) se trouve en mauvaise posture, accusé par le ministère public d’avoir contribué à la déforestation en Amazonie. Pour échapper à une lourde amende, il propose une transaction consistant à céder en compensation une partie de son patrimoine foncier afin d’y créer des aires de protection de l’environnement12. Dans ce cadre, des études pour la création d’un parc national sont menées par le Museu Paraense Emílio Goeldi de Belém en 2001 et des audiences publiques sont tenues sur le sujet. Ces consultations sont poursuivies en 2002, et le Parc est officiellement annoncé, puis créé par décret sur environ 3,8 millions d’hectares le 22 août 2002 (juste à temps pour être annoncé lors de la conférence de Durban – ou Rio +10 – comme le plus grand parc national de forêt tropicale du monde). Faisant jus à la légende, le nom donné à cette nouvelle aire protégée est « Parque Nacional Montanhas de Tumucumaque ».
Cette création est cependant largement symbolique à ce stade, d’autant que la région est très peu connue. De 2003 à 2005, cinq expéditions de reconnaissance sont lancées avec l’appui du projet ARPA et du WWF. En parallèle, la structure administrative est mise sur pied (mais avec seulement une demi-douzaine de cadres pour presque quatre millions d’hectares…). En 2010, un plan de gestion est enfin approuvé, fixant les grandes orientations à court et moyen termes, ainsi qu’un zonage du territoire.
Côté français, le cheminement naquit dans des circonstances analogues puisque la volonté de créer un vaste espace protégé dans le sud de la Guyane a été proclamée au moment de la Conférence de Rio en 1992. Pour autant, malgré deux projets remis en 1995 puis en 2000, cette création achoppa longtemps sur la question du rôle des populations locales et sur l’accès aux ressources naturelles (Grenand, Bahuchet et Grenand, 2006 ; Grenand & Grenand, 2011). Ce n’est qu’en 2006 que le troisième projet fut validé par l’ensemble des partenaires, puis entériné par un décret ministériel du 27 février 2007 (Aubertin et Filoche, 2008). Conformément à la nouvelle législation des parcs naturels entrée en vigueur en 200613, le territoire du « Parc amazonien de Guyane, Parc national » est divisé en deux parties, une « zone cœur » (2,03 millions d’hectares) dans laquelle la protection de l’environnement est totale, et une « zone de libre adhésion » (1,36 millions d’hectares) négociée avec les communes et dans laquelle les activités sont encadrées par une charte.
Les deux parcs se rejoignent le long de l’ensemble de la frontière terrestre entre la Guyane française et le Brésil et, à l’exception d’une petite portion autour du haut Oyapock côté français, l’ensemble des reliefs considérés comme appartenant aux Tumuc Humac se trouve dans la « zone cœur » des deux aires protégées. Leur vocation de réserve naturelle se trouve donc scellée, en principe définitivement, depuis la fin des années 2000.
Vide démographique et pressions externes
La plupart des villages amérindiens de la région des Tumuc Humac ont disparu durant les premières décennies du XXe siècle, en particulier ceux qui existaient sur les affluents principaux du Jari, les rivières Ximi-Ximi ou Mapaoni. Au début des années 1950, seuls deux pôles se maintenaient au Brésil. Le premier, formé par des Indiens Wayana, occupait le lieu-dit Molocopote, à 10 km en aval de l’embouchure de la rivière Mapaoni dans le Jari. Ce village sera finalement abandonné par ses derniers habitants durant les années 1970, du fait de conflits répétés avec les orpailleurs qui ont envahi la région. Le second, situé sur la rivière Cuc et sur ses principaux affluents de rive gauche, était occupé par des villages wayãpi. Du fait également de la présence des orpailleurs mais aussi du fait de difficultés sanitaires et d’épidémies à répétition14, les survivants de ces villages rejoindront l’Oyapock par vagues successives à la fin des années 1960 (Grenand, 1982 ; Le Tourneau, 2013).
À partir de 1975, donc, une vaste région située de part et d’autre de la ligne de partage des eaux se trouva totalement désertée par les populations amérindiennes qui l’occupaient depuis le XVIIIe siècle. À l’ouest de la région, les villages wayana se sont réfugiés soit sur la rivière Lawa (qui correspond au cours moyen du Maroni) et ses affluents situés en territoire surinamais, soit sur la rivière Paru de l’Est au Brésil. Bien que très épisodiques, quelques voyages de part et d’autre par l’ancien chemin du Mapaoni ont continué à être réalisés durant les années 1980, avant de cesser complètement. À l’est, le peuplement wayãpi s’est concentré sur l’Oyapock, en Guyane française, ou bien beaucoup plus au sud, au Brésil, sur la rivière Inipuku. Les relations entre ces deux pôles passent désormais par des moyens de transport moderne qui contournent le massif forestier. À l’est comme à l’ouest, les déplacements de villages ont donc fait disparaître les deux grands itinéraires de traversée nord/sud des Tumuc Humac (le seuil Litany/Mapaoni et le seuil Oyapock/Cuc).
La disparition des Amérindiens est largement liée à de croissantes pressions sur les ressources naturelles exercées par des populations provenant de l’extérieur de la région. De ce point de vue, les conditions en Guyane française et au Brésil ne furent pas les mêmes. Dans le premier cas, le contrôle exercé par la préfecture a longtemps permis de limiter (sans arriver complètement à l’empêcher) la présence des prospecteurs. Par ailleurs, les difficultés d’accès au sud de la Guyane et la présence de filons rentables plus au nord, notamment sur la rivière Camopi, ont conduit l’activité d’orpaillage illégale à se concentrer à distance des Tumuc Humac.
Au Brésil, la présence des orpailleurs très loin dans la région est ancienne. À la fin des années 1930, la CBDL avait ainsi rencontré un orpailleur du Surinam, Poet Remyoland, installé auprès de villages amérindiens du haut Jari15. Par ailleurs, jusqu’aux années 1960, la région est utilisée par des expéditions de chasseurs de peaux, qui vont jusqu’à établir une logistique basée sur l’ouverture d’une piste d’atterrissage à proximité de la rivière Cuc. Dans les années 1970, la meilleure connaissance géologique de la région promue par le projet RADAM entraîne un boom des activités minières autour du cours moyen du Jari (Gallois, 1985). Profitant de la logistique disponible dans cette zone, certains orpailleurs se risquent plus au nord et ouvrent des petites pistes le long des rivières Mapaoni et Culari (ainsi qu’à proximité des sources de l’Inipuku). L’or n’est pas le seul métal recherché : on exploite aussi la cassitérite et éventuellement des métaux rares. La plupart de ces pistes se sont maintenues en opération jusqu’au début des années 2000. Lors de la création du parc national au Brésil, une campagne de la police fédérale les mettra hors service (Gallois, 2008 ; Le Tourneau, 2013).
L’analyse des images de satellite et les données de terrain semblent confirmer que l’activité minière (désormais forcément illégale puisque la région appartient à des parcs nationaux au nord comme au sud) n’atteint plus les Tumuc Humac depuis cette époque, bien que le passage de groupes d’orpailleurs dans la région soit probable. On peut en être surpris si l’on considère l’intensité de la pression dans le reste de la Guyane française, et dans certaines zones de l’Amapá. Il est possible que l’éloignement soit en grande partie responsable de cet état de fait : protégée par des dizaines de sauts et de rapides, la zone est très difficile d’accès et requiert une logistique dont le coût rend les opérations d’exploitation peu lucratives. Toutefois il ne faut pas s’y tromper : si des pistes ont été installées sur les rivières Mapaoni et Culari juste au sud de la ligne de partage des eaux, on peut penser que lorsque les filons plus accessibles s’épuiseront, les prospecteurs se tourneront sans doute à nouveau vers cette zone. Et s’ils n’ont pas traversé les Tumuc Humac aujourd’hui (tout au moins pas que nous ayons pu le constater), ils pourront certainement le faire demain, ou bien profiter de leurs bases logistiques sur l’Oyapock pour descendre vers le Sud.
Traverser les Tumuc Humac aujourd’hui
La traversée des Tumuc Humac est aujourd’hui à la fois plus simple et plus complexe qu’elle ne l’était pour les explorateurs du passé. Plus simple car les moyens technologiques et logistiques ont beaucoup progressé. De l’alimentation légère et de longue conservation est facilement accessible, des points d’accès peuvent être créés pour s’insérer ou s’extraire à peu près de n’importe où par héliportage et des moyens de télécommunication permettent de rendre l’aventure bien moins périlleuse, même si elle continue de comporter des dangers. En même temps, la disparition progressive des villages amérindiens durant la première moitié du XXe siècle prive les expéditions de points d’appui et surtout de bons connaisseurs de la région. Il faut donc s’en remettre aux données externes disponibles.
La configuration de la région
Avec un champ beaucoup plus large que les données collectées par l’IGN durant les missions des années 1950, les images de la mission SRTM16 de la navette spatiale américaine nous donnent désormais une vision très détaillée de la configuration du relief non seulement du sud de la Guyane mais de l’ensemble du Plateau des Guyanes17. Comme on le voit sur la figure 4, le sud du département français, bien qu’il constitue une partie de la ligne de partage des eaux entre le bassin de l’Amazone, au sud et ceux des fleuves Oyapock et Maroni, au nord, ne constitue absolument pas un massif montagneux. Tout juste forme-t-il une fine frange orientale du plateau central des Guyanes qui est beaucoup mieux marqué dans l’ouest de l’État du Pará, au Brésil, et dont la bordure nord, un peu plus élevée, marque la frontière entre Brésil et Surinam. Si les « Tumuc Humac » sont des montagnes situées sur le Plateau des Guyanes, c’est sans doute cette région qui mériterait le mieux cette dénomination, qu’elle possède déjà en partie d’ailleurs puisque ce territoire correspond, au Brésil, au Parque indígena Tumucumaque18.
Figure 4 : le relief du sud de la Guyane dans le contexte régional
Figure 4 : le relief du sud de la Guyane dans le contexte régional
En moyenne, les altitudes dans la région du sud de la Guyane ne dépassent pas les 500 mètres dans l’ouest, et les 350 mètres à l’est, à proximité des sources de l’Oyapock. Vu de près, ce relief est bien mieux décrit comme une série de collines, dont certaines forment des alignements, mais au sein desquelles on ne relève aucune ligne directrice. Seuls quelques inselbergs pointent en leur sein, parfois de plus d’une centaine de mètres, notamment dans le massif du Mitaraka (681 m.), non loin du point de trijonction Brésil/Surinam/Guyane française. Ils sont caractérisés par le fait que leurs faces les plus abruptes sont dénudées de végétation. Dans certains cas (borne 1, borne 4), les zones dénudées couvrent tout ou partie de la colline bien que l’abrupt soit peu important. Dans d’autres, les inselbergs sont entourés par des plateaux recouverts de végétation basse et xérophile. Mais bien qu’ils représentent un paysage remarquable, souvent utilisé comme image symbolique de la région (notamment par le parc national brésilien « Montanhas de Tumucumaque »), les inselbergs ne représentent qu’une toute petite fraction du relief.
Si les altitudes sont faibles, la topographie de la région n’en pose pas moins de redoutables problèmes de franchissement, en particulier pour qui se déplace à pied. Taillé dans les roches du bouclier guyanais, intensément érodé, le relief des Tumuc Humac correspond en effet au modèle des « demi-oranges » (Figure 5). Chaque colline est ainsi érodée sur toutes ses faces, si bien qu’on trouve difficilement une ligne de crête pour passer de l’une à l’autre. Qui s’y aventure doit alors affronter une répétition presque infinie de dénivelés certes modestes, mais raides (en particulier pour le premier tiers, du fait du profil hémisphérique) et dont le nombre use rapidement le potentiel physique de l’explorateur ou du randonneur.
Figure 5 : le relief en demi-oranges
Figure 5 : le relief en demi-oranges
Au-delà du relief, la végétation offre également des difficultés importantes, mais contrastées. Une grande partie des collines est couverte de forêt de terre ferme, dominée par de grands arbres et avec des sous-bois dégagés (Figure 6). Ceux-ci peuvent évoluer en forêt dominée par des palmiers en sous-bois, ou bien contenir des formations inférieures plus denses quand la canopée est discontinue. Quelle que soit la configuration, ces formations forestières se parcourent assez aisément et constituent les meilleures options pour réaliser un déplacement. Elles ne sont cependant pas continues. Sur les flancs et sur les sommets des collines se trouvent en effet des taches de bambous, dénommées localement « cambrouzes » qui constituent d’impénétrables écheveaux (la densité de ces bambous étouffe la végétation existante et empêche la reprise forestière), parfois sur plusieurs kilomètres de profondeur. Leur parcours nécessite un long et épuisant débroussaillage. Bien qu’aucun lien direct ne puisse être fait à ce stade avec une présence humaine passée, on peut observer que les cambrouzes occupent souvent des zones qui auraient pu constituer des abattis amérindiens, et que ce type de régénération colonise rapidement les clairières ouvertes autour des bornes (par exemple pour le poser des hélicoptères).
Figure 6 : formations et paysages des Tumuc Humac : 1. Inselbergs dans la région du Mitaraka ; 2. Une « cambrouze » ; 3. Sous-bois ouvert de sommet de colline ; 4. Marais entre deux collines
Figure 6 : formations et paysages des Tumuc Humac : 1. Inselbergs dans la région du Mitaraka ; 2. Une « cambrouze » ; 3. Sous-bois ouvert de sommet de colline ; 4. Marais entre deux collines
Entre les collines se trouvent des vallées à fond plat, plus ou moins larges, dans lesquelles l’eau a tendance à stagner du fait de la densité de végétation et, en conséquence, de la très importante couche de matière en décomposition qui couvre le sol. Ces marais19 sont principalement colonisés par des palmiers wassai (Euterpe oleacera) pour les zones les plus inondées, et ils constituent un autre obstacle au déplacement puisque l’on s’y enfonce de vingt à trente centimètres à chaque pas. Sur le cours supérieur de certaines rivières, principalement du côté nord, ces marais peuvent se transformer en zones ouvertes colonisées par des graminées extrêmement denses, représentant l’équivalent des cambrouzes du haut des collines. Leur traversée à pied ou en pirogue est particulièrement difficile.
Sur le plan humain, les Tumuc Humac sont aujourd’hui un désert. Au nord-ouest, les villages wayana les plus proches se trouvent à près de 100 kilomètres de distance de la ligne de partage des eaux. Au nord-est, seul le complexe des villages de Trois Sauts (571 habitants), sur l’Oyapock, est localisé à proximité, mais la plus grande partie de la population amérindienne est concentrée à Camopi à près de 150 kilomètres de distance des « monts » (Davy, Trisch et Grenand, 2012 ; Grenand, Grenand et Davy, 2017). Au sud, au Brésil, l’éloignement est encore plus important. Si l’on excepte les villages amérindiens isolés du territoire amérindien Parque de Tumucumaque, les premiers villages wayãpi se trouvent à plus de 170 km à vol d’oiseau. Aucune de ces communautés ne semble maintenir de présence sporadique ou itinérante à proximité de la ligne de partage des eaux, à l’exception d’expéditions de chasse menées en direction des sources de l’Oyapock et de la Camopi par les Amérindiens de Trois Sauts (Ibid.), d’expéditions de chasse des Wayana sur le Tampok (PFG) et de quelques expéditions à but touristique menées par comportant des guides Wayana du Maroni sur l’Alitani et à proximité de la Trijonction.
Des petits bourgs encerclent à grande distance la ligne de partage de eaux : Maripasoula, sur le Maroni ; Saül, dans le centre de la Guyane ; Camopi, sur l’Oyapock ; Serra do Navio, au sud-est ; enfin Laranjal do Jari, sur le cours inférieur du Jari. Aucun ne se trouve à moins de 150 kilomètres de la frontière.
Comment traverser les Tumuc Humac ?
Si l’on veut traverser la fameuse région des Tumuc Humac, plusieurs alternatives s’offrent. Dans le sens nord/sud, ou sud/nord, chaque grande rivière (haute Camopi, Alice, haut Marouini et Alama en Guyane, Cuc, Culari, Curuapi et Mapaoni au Brésil) fournit une bonne voie de pénétration jusqu’à la bande de collines d’une quinzaine de kilomètres de large qui forment le centre des fameux « monts ». Ces rivières comportent en général une demi-douzaine de sauts plus ou moins importants (sans compter bien sûr les très nombreux sauts des grands cours d’eau qui y donnent accès : Camopi, Tampok, Marouini en Guyane, Jari au Brésil). Certains sont de véritables murs de 2-3 mètres de haut (saut Alice sur la crique du même nom), d’autres des séries de rapides qui peuvent s’étendre sur une longue distance (saut Cachiri sur la rivière Mapaoni). Cependant, avec des embarcations légères, la navigation est relativement aisée jusqu’à arriver à environ 20 km de la ligne de partage des eaux.
À ce moment, les criques se divisent en de très nombreux affluents et même en suivant le cours principal elles perdent rapidement du volume. « C'est maintenant le commencement des arbres tombés, de ces colosses que la vétusté ou les vents ont jetés à travers les cours d'eau pour la damnation des pagayeurs. » (Coudreau, 1893 : 572). Les rivières sont trop étroites pour que l’on puisse contourner les arbres qui se sont couchés dans la rivière, il faut passer par-dessus (ou par-dessous) ou bien les tronçonner, ce qui ralentit considérablement le voyage. Arrivé à environ 10-12 km de la ligne de partage des eaux, le temps passé à déboucher la crique peut ne plus valoir la peine et continuer le voyage à pied peut être plus efficace. On notera toutefois que l’expédition Mitaraka a pu acheminer une partie de son ravitaillement par voie fluviale en utilisant la crique Alama, et que les expéditions de frontière de l’IGN dans les années 1950-60 ont aussi débouché les criques très en amont afin de pouvoir acheminer leur matériel (notamment le ciment nécessaire à la confection des bornes). En fonction du temps disponible et de la charge à transporter, il est donc possible de remonter très haut par voie fluviale. La traversée de la ligne de partage des eaux est évidemment impossible en pirogue (bien que selon plusieurs explorateurs des XVIIIe et XIXe siècles certains marais situés très en amont dans la région de l’Oyapock pourraient communiquer avec les têtes des criques au Brésil et offrir ainsi une voie de passage en saison des pluies). Il faut donc la passer à pied et confectionner de nouvelles embarcations en écorce (solution utilisée jusqu’au XIXe siècle), ou bien emporter avec soi les canots (par exemple les canoës pliables utilisés lors de l’opération Culari-Tampok ou encore se faire livrer les embarcations par voie aérienne (cas de l’expédition organisée en 2000 par l’association Alabama sur les traces de Crevaux20).
50Plusieurs possibilités de traversée nord/sud existent donc, avec au moins 3 voies principales en Guyane et 4 au Brésil, avec autant de variantes qu’il existe de têtes de crique, dont la hiérarchie n’est pas toujours claire.
En ce qui concerne une traversée est/ouest, le choix est beaucoup plus restreint. Comme on l’a dit, la tentative de Coudreau de découper la région en chaînons et massifs reposait avant tout sur une auto-persuasion. La seule ligne directrice que l’on puisse trouver dans le relief (même si elle comporte de nombreuses exceptions) est le fait qu’une grande partie des cours d’eau tendent à être alignés grosso modo nord/sud ou sud/nord, si bien que la traversée longitudinale leur est perpendiculaire. La traversée de chacune de ces vallées est un effort physique important, tant à cause de la raideur des pentes, en particulier dans la partie est, qu’à cause des bas-fonds marécageux qui entourent les criques et de la végétation plus dense sur les rives de celles-ci quand elles atteignent plus de quelques mètres de large. À cet effort s’ajoute celui de constamment avoir à franchir des montées et des descentes plus courtes mais non moins raides du fait de la configuration en demi-orange du relief. De ce fait, le meilleur itinéraire pour une traversée est/ouest consiste à suivre le plus exactement possible la ligne de partage des eaux, comme ce fut le cas lors du « raid des 7 bornes », mené en 2015. La plupart des collines y sont reliées les unes aux autres par d’étroits cols, qui permettent (quand on réussit à les localiser, ce qui n’est pas simple) de minimiser les dénivelés et d’avancer de manière raisonnable.
Quelle que soit la direction de la traversée, la question cruciale reste celle de la logistique, dans la mesure où les points d’appui que constituaient les villages amérindiens ont disparu. Au Brésil, l’équation est même rendue encore plus difficile par la désactivation depuis 2006 de la piste de Molocopote, située à 10 kilomètres en aval de l’embouchure de la rivière Mapaoni. Bien qu’ouverte par les autorités en 1969-70 principalement afin de contrôler la zone et secondairement afin de créer un poste indigéniste (qui n’a jamais été vraiment implanté), elle a principalement été utilisée par les orpailleurs pendant trois décennies. Elle a cependant pu servir à des expéditions comme celle de J. Harrison (Harrison, 2004) ou bien celle du WWF sur le Jari en 2005. Sa destruction par la police fédérale repousse le centre le plus proche, au Brésil, à plus de 200 km plus au sud.
Dans le cas d’expéditions fluviales, y compris si l’on traverse la ligne de partage des eaux, la capacité d’emport est en général assez importante, si bien qu’en fonction du nombre des participants une expédition peut prévoir d’être autonome durant un mois, lui donnant le temps de réaliser une traversée nord/sud de la région. Ce fut le cas lors de l’expédition Culari effectuée en 2013, lors de laquelle nous avons pu remonter la rivière du même nom puis, après avoir traversé à pied la ligne de partage des eaux, en portant nos canoës démontables, descendre la crique Alice puis la rivière Tampok. Dans le cas d’expéditions totalement pédestres (le seul type qui permette de réaliser une traversée est-ouest), la quantité de ravitaillement à emporter dépasserait la capacité d’emport des participants, obligeant à choisir entre deux solutions. La première consisterait à vivre principalement de la forêt. Elle paraît cependant limitée, la chasse étant une activité très aléatoire dans un contexte de déplacement permanent et la pêche n’étant pas possible dans les têtes de crique à proximité immédiate du partage des eaux. Il ne peut donc s’agir que d’une alternative pour des traversées de courte durée, sur une partie du parcours. Comme le soulignent tous les explorateurs, même les Amérindiens ne se risquent pas à ce genre d’expédition sans une solide provision de farine de manioc, dont l’épuisement signe immédiatement la fin des opérations (Le Tourneau, 2016). La seconde consiste à compter sur des ravitaillements ponctuels apportés soit par hélicoptère (sur des inselbergs ou en ouvrant des clairières dans la forêt avec du matériel de tronçonnage emporté à cette fin) soit par voie fluviale. En comptant sur une telle logistique, un groupe aguerri aux déplacements en forêt peut parcourir les 320 kilomètres de la frontière en six semaines.
Conclusion
Si on peut trouver logique l’emploi du toponyme Tumucumaque pour les reliefs situés à la frontière entre le Brésil et le Surinam, son extension au sud de la Guyane, principalement actée au XIXe siècle par un cartographe (l’enseigne de vaisseau Vidal) et deux explorateurs (Henri Coudreau et Jules Crevaux) semble abusive. Car si le nom Tumuc Humac est bien pratique pour faire référence à la région du partage des eaux entre Amazone, Maroni et Oyapock, il rassemble sous une même étiquette des régions aux faciès bien différents, comme la région des sources de la rivière Litani, riches en inselbergs, et les très molles collines qui entourent la naissance de l’Oyapock. Il maintient également la fiction d’une barrière montagneuse qui n’a jamais existé, séparant la Guyane française du Brésil. Il renvoie enfin à la quête de l’Eldorado, avec laquelle il a partie liée au moins sur le plan cartographique, le lac Parimé ayant longtemps été placé au cœur ou à proximité des fameuses montagnes.
Mais, et c’est ici que la réalité rencontre la fiction, il y a bien de l’or dans les Tumuc Humac, comme le montrent les pistes des orpailleurs du versant sud, et le relief, bien que peu spectaculaire en termes d’altitude, y est une expérience concrète (et épuisante) pour qui les traverse. Autant associé à un mythe qu’à une réalité géographique, le nom perdure donc dans de nombreuses cartes et aussi dans l’imagination populaire et il faut malgré tout bien en admettre l’usage pour désigner
Traduction - portugais É possível atravessar a Serra do Tumucumaque? Reflexões acerca da configuração histórica e geográfica do extremo sul da Guiana Francesa
As montanhas de Tumucumaque fascinaram gerações de aventureiros, para quem a travessia de tais montes era uma façanha tão almejada quanto a primeira escalada do monte Everest – embora nenhum deles a tenha realizado in extenso. Essas aventuras, às vezes mortais, estavam ligadas em grande parte ao encanto exercido pelo topônimo; no entanto, a questão central é que a natureza geográfica dessas famosas "montanhas" é no mínimo duvidosa. Intensamente presentes e vívidas para alguns, inexistentes para outros, as "Montanhas de Tumucumaque" são míticas, isto é, um espaço geográfico capaz de evocar vários níveis de significados – retomando o conceito de terra mítica que Emmanuel Lézy (2001) atribuiu à Guiana Francesa. Nesse contexto, em que consistiria a travessia do Tumucumaque? A partir de uma pesquisa bibliográfica e de dados obtidos em campo durante várias expedições, nas quais atravessei a região de norte a sul e de leste a oeste, este artigo pretende explorar os aspectos históricos, ou geo-históricos, e territoriais que essa pergunta, não apenas retórica, permite abordar.
Afinal, para "atravessar as montanhas do Tumucumaque" é necessário ainda que estas existam enquanto objeto geográfico. Todavia, apesar de viagens precoces de exploração, a Serra só surge no mapa tardiamente e com mais frequência por via dos caminhos utilizados pelos Índios, que as contornam, do que por travessia direta. De barreira física (os ditos "Pireneus da Amazônia"), elas passam a ser também uma barreira simbólica, uma vez que foram definidas como fronteira pela arbitragem suíça no Contestado franco-brasileiro de 1900. Foi materializando a fronteira que os geógrafos do Instituto Geográfico Nacional francês (IGN), liderados por J. M. Hurault, puderam mostrar a inexistência de uma verdadeira cadeia de montanhas no sul da Guiana Francesa. Com isso, enquanto retira-se a barreira física, materializa-se a barreira simbólica, e a travessia da região do Tumucumaque se torna uma questão diplomática sujeita a autorizações, a vistos e a fiscalizações – situação reforçada nos anos 2000, quando lá foram delimitados dois parques nacionais – ainda que, na prática, a fiscalização seja essencialmente simbólica, em razão do isolamento que torna a área vulnerável a todo tipo de travessia ou exploração ilegal. Paralelamente, novos dados geográficos obtidos por observação espacial permitem conhecer melhor a configuração topográfica e hidrográfica da região, desvendando parcialmente a contradição existente entre a racionalidade geográfica e as impressões dos exploradores.
A partir de documentos históricos e de dados geográficos de observação espacial e de campo, abordaremos primeiramente o contexto histórico do aparecimento dos montes do Tumucumaque, em seguida a sua transformação em zona de acesso restrito e as dificuldades em realizar esse controle, para, enfim, propor algumas reflexões sobre a configuração topográfica e sobre suas implicações em termos de deslocamento. Afinal, atravessar a Serra do Tumucumaque é possível, o difícil é escolher o caminho certo.
Das primeiras explorações ao aparecimento dos montes do Tumucumaque
A exploração do interior da Guiana Francesa foi tardia, tanto que somente a partir do século XVIII os viajantes (ao menos os que, participando de expedições oficiais, deixaram registros e diários de viagem) alcançam o sul do atual departamento francês. No entanto, a leitura desses relatos não permite supor claramente a existência de um relevo particular nessa zona; é preciso esperar os célebres exploradores Jules Crevaux e Henri Coudreau para que a lenda do Tumucumaque ganhe forma. Paralela e paradoxalmente, a presença dos Ameríndios, que permitia as primeiras circulações na zona, diminui rapidamente, de forma que a revelação do sul da Guiana Francesa ao público em geral coincide com o colapso do sistema que lá possibilitava certo deslocamento.
Figura 1: mapa geral da região do Tumucumaque
Um maciço a princípio ignorado
A exploração tardia do sul da Guiana Francesa ocorreu principalmente devido ao distanciamento de Caiena e às dificuldades enfrentadas para subir os cursos d'água, interrompidos por inúmeros saltos. Partindo do litoral guianense, o acesso à região sul só é possível por meio de duas vias: os rios Oiapoque e Maroni que, depois de no mínimo 250 km de navegação pelo curso principal, dão acesso a afluentes que correm por toda a região da fronteira com o Brasil. As primeiras expedições que deixaram registros aconteceram no decorrer do século XVIII pelo rio Oiapoque, às margens do qual havia algumas missões que serviam de pontos de apoio e passavam informações sobre os povos indígenas do interior, além de disporem de guias e carregadores. Muitas outras não foram documentadas e, provavelmente, eram informais. Noyer (1831) aponta ainda que os Jesuítas instalados no Oiapoque fizeram expedições de reconhecimento por conta própria e sabiam que a zona constituía uma área a partir da qual era possível alcançar afluentes do Amazonas. Também é possível que essas informações tenham sido dadas pelos ameríndios que frequentavam as missões e que, ressaltamos, percorriam a rede hidrográfica de um lado ao outro, dominando perfeitamente a sua configuração.
A primeira exploração de que se tem registro é a do sargento La Haye, em 1728-29; este subiu o Oiapoque, lançando-se em seguida no rio Camopi e passando a linha divisória de águas em direção ao Amazonas, até alcançar a Cachoeira Macacoara no rio Jari. Dessa forma, La Haye realiza a primeira travessia de norte a sul da região do Tumucumaque, mas não menciona em nenhum momento esse topônimo em seu relato – embora tenha frequentado inúmeros vilarejos indígenas ao longo do percurso e se interessado pelos nomes dados aos cursos d'água e à toponímia local em geral. No seu relatório, ele dá conta da dificuldade do trajeto e da alternância entre grandes colinas e manguezais, e descreve de forma bem clara os inselbergs que caracterizam a região. No entanto, chegado a uns quinze quilómetros do divisor de águas e posto num ponto alto23, o sargento não parece considerar a zona como um maciço montanhoso identificável mas como uma paisagem onde alguns picos aparecem no meio de grandes pântanos:
No segundo dia de caminhada, passamos por cima de uma montanha bastante escarpada, cujo topo é como uma plataforma de rochas, onde nada cresce a não ser arbustos de nonatélias. De cima dessa plataforma, descobrem-se duas outras montanhas Yaroupi, uma muito afastada e outra, que parece muito próxima, são apenas rochedos de furões, monstruosa e pontuda. Nela, não há nem árvores nem arbustos, além de um pequeno buquê de nonatélias no seu cume. Eu queria ir vê-la a pé, mas os índios apontaram mil dificuldades, seja por receio de ir até lá ou por outro motivo. Continuamos nosso caminho deveras cansados por causa das montanhas muito íngremes que tínhamos de escalar a todo momento. Não obstante, não há caminhos abertos de forma alguma e no sopé dessas montanhas há apenas mangues que devemos atravessar.
Apesar do difícil acesso, a região do divisor de águas com o Amazonas não é, no entanto, inacessível – e é rica de recursos interessantes. La Haye localiza em torno da nascente do Cuyari (atualmente rio Culari24) florestas ricas em cacaueiros nativos. Devido à especulação que rodeava o cacau nessa época (Alden, 1976) e os lucros potenciais, muitas expedições retornam para essa zona por diversos itinerários nos anos seguintes (Froidevaux, 1895): Capperon a partir de 1730, Monty em 1731 pelo rio Aprouague e La Haye novamente em 1731-32, dessa vez descendo pelo rio Maroni. Nenhum deles utiliza o topônimo Tumucumaque (ou algo que se aproxime disso) para designar o relevo que atravessam. O primeiro menciona colinas e inselbergs, mas não cadeia de montanha25. O segundo faz menção a um panorama mais contrastante quando descreve a paisagem vista do alto de um inselberg:
Em três de julho, fui ver a montanha do rochedo de Maecoli, que é nua, sem nenhuma árvore em cima, extremamente alta e íngreme. De lá, descobri várias outras montanhas de rochas: uma semelhante àquela de Maheury a nordeste, algumas raras a norte e a oeste, uma cadeia de montanhas muito elevada a leste, outra um pouco menos alta a sudeste"26.
A “cadeia de montanhas muito elevada a leste” é provavelmente o monte Saint Marcel27, e anota-se que esta não configura um conjunto contínuo, pois é distinta das outras, menos notáveis, identificadas nas outras direções. Olhando na mesma direção, é possível que ele também tenha avistado os relevos situados no interflúvio entre o Oiapoque e o Araguari, ou ~esseja, mais a nordeste do atual Amapá do que ao sul da Guiana Francesa. Foram provavelmente estes mesma que atravessaram La Jeunesse e Saint Julien, em 1744, durante sua viagem do Oiapoque para o Araguari.
Em 1767, foi a vez de Patris se lançar rumo ao alto curso do Oiapoque e ao sul da Guiana Francesa. Ele também sobe o rio Camopi, porém utilizando o caminho dos Emerillon28 para entrar na bacia do Maroni. De acordo com a relação de viagem do mulato Tony29, Patris teria atravessado o divisor de águas entre os rios Litani e Mapaoni, este último sendo um afluente do rio Jari e portanto situado na bacia do rio Amazonas ( Barbé de Marbois, 1834 : 306). Incapaz de persuadir seus guias a segui-lo em direção ao Amazonas, ele retorna e alcança Caiena descendo o Maroni. Tony traz também mais detalhes sobre a organização das aldeias indígenas encontradas em volta do Maroni – particularmente sobre a existência de uma verdadeira confederação Wayana nas redondezas do rio Litani e do alto Jari – do que sobre a configuração geográfica da fronteira. Contudo, ele nota a presença de inselbergs: "Perto da aldeia deles, há uma montanha chamada Conyarionaca: são rochedos empilhados onde não cresce planta alguma. De seu topo, descobre-se uma grande cadeia de montanhas a oeste." Também afirma que nessa zona se encontra a linha divisória de águas com a bacia do Amazonas:
* N.T: Termo comum em francês para se referir aos índios Wayana, derivado de 'urucum' (Rocou, fr.), f (...)
Do outro lado, na direção sul, a um dia de caminhada encontramos o alto do rio Mapahoni; este deságua no Jari, que acaba no Amazonas. Assim, os Rocouyens* habitam o ponto mais elevado dessa parte do continente, uma vez que é onde os rios se dividem. Para desaguar no Oceano, de um lado, e no rio Amazonas, de outro.
Apenas dois anos mais tarde, o geógrafo Simon Mentelle também realiza expedições pela região. A expedição de Patris proporcionou o estabelecimento efetivo de um bom contato com os índios Wayana que, por sua vez, reclamavam das incursões de Marrons vindo do Suriname. O governo da Guiana Francesa despacha então uma expedição para se informar sobre a situação e, se necessário, impedir a invasão. Entretanto, o trajeto seguido passava bem mais ao norte, visto que explora outra vez a passagem entre as bacias do Oiapoque e do Maroni pelo afluente Tamouri e pelo caminho de transporte dos Emerillon. Apesar disso, Mentelle parece ter obtido informações sobre o sul da região. De acordo com Noyer (1831), ele provavelmente teria aconselhado Dr. Leblond a procurar por árvores de quinino no sul, em razão da provável existência de uma grande cadeia de montanhas.
A expedição de Leblond, em 1789, no entanto, poderia ter alertado sobre a realidade não corresponder a essa projeção. O próprio Lebond acreditava de fato que encontraria relevos imponentes.
Fui para o Oiapoque com 24 homens, levando bastantes mantimentos e mercadorias de troca, com a intenção de alcançar sua nascente, atravessar altas montanhas que, digamos, são a sequência das Cordilheiras, para lá procurar quinino e então seguir por alguns afluentes que me levariam ao Amazonas.
Mas, após passar a nascente do Oiapoque, ele observa: "Há três dias adentrei nessas terras, rumando o sul. Ultrapassei em várias léguas a nascente do Oiapoque e não vi nem sinal da cadeia de montanhas da qual me falaram tanto." (Hurault, 1965:13).
2 Creveaux e Coudreau criam a lenda das Montanhas do Tumucumaque
As informações publicadas na primeira metade do século XIX e o prêmio oferecido pela Sociedade de Geografia de Paris para a exploração do interior da Guiana Francesa indicam que, pouco a pouco, impôs-se a ideia de uma barreira montanhosa contínua no sul da região, partindo de três deduções: a primeira é relativa à imponência dos cursos d'água. A largura da foz dos rios Oiapoque e Maroni e a extensão visivelmente modesta das suas bacias levaram os geógrafos a acreditarem que eles provinham de regiões montanhosas (com alta captação pluvial). A segunda é similar, mas diz respeito ao Amazonas: de acordo com os geógrafos, um rio tão grande só poderia dispor de uma bacia delimitada por altas montanhas. Se o divisor de bacias hidrográficas de inúmeros rios (como Essequibo, Orinoco ou mesmo os que drenam para a costa do Pacífico na América do Sul) surgem em meio a verdadeiros maciços montanhosos, parecia lógico que o mesmo ocorresse no sul da Guiana Francesa. A terceira é proposta por Jean-Marcel Huralt (1973), que destaca a relevância das metáforas fisionomistas na época. Via-se então a Terra como um organismo vivo e procurava-se por sua coluna vertebral, costas ou ossos, materializados no relevo; retomando a analogia com a imensidão da Amazônia, essa ossatura terrestre deveria ter a mesma proporção. Logo, no mínimo deveria existir uma cordilheira para separar a Guiana Francesa do Brasil.
Apesar do alerta de Leblond, a ideia de uma barreira montanhosa permanece. Aos poucos ela vai sendo nomeada, visto que o topônimo "Tumucumaque" aparece nos mapas no fim do século XVIII, tornando-se recorrente a partir de 1840, de acordo com Gabriel Marcel (1899). O primeiro mapa que faz referência ao termo é o de Olmedilla (1775), que menciona uma "Sierra do Tumururàque" bem ao sul da Guiana Holandesa, menção e posição retomadas no famoso mapa de Surville de 1772 (f.2). Nesse segundo mapa, a serra em questão se encontra ao sul do lago Parimé, que supostamente contorna a famosa cidade do Eldorado (o mapa de Olmedilla também aponta um lago, mas não o nomeia), relação que sem dúvida explica em parte o fascínio exercido pelo Tumucumaque. É só no século XIX que o topônimo migra para o leste e se aproxima da Guiana Francesa, à qual não é associado por nenhuma raiz etimológica plausível, apesar dos esforços de Creveaux para atribuir-lhe um significado. Sua forma definitiva em francês aparece no mapa do Alferes Vidal, que coordena os trabalhos de delimitação da fronteira com a Guiana Holandesa em 1860 (Hurault, 2000). Vidal representa a "Sierra Tumuc Humac" como uma verdadeira cordilheira divisória de águas.
No entanto, a materialização da Serra nos relatos dos exploradores demora a acontecer. Em meados de 1830, tanto Adam de Bauve quanto o farmacêutico Leprieur percorrem a região da nascente do Oiapoque e passam pela Bacia do Jari, descendo seus cursos d'água. Nenhum dos dois faz uso do topônimo Tumuc Humac, tampouco citam montanhas. Leprieur, em particular, faz reconhecimentos na zona divisória de águas. Ele indica: "toda a região que eu visitei durante esse tempo é deveras acidentada, mas pouco elevada, as sequências de colinas que encontramos aqui não ultrapassam, na parte que percorri, 600m de altura" (1834). Todavia, ele mesmo provavelmente escutou a teoria sobre a existência de relevos mais destacados na região e também era favorável à analogia com a dimensão dos cursos d'água, tanto que registra:
há montanhas em grande número e a direção da linha que formam é praticamente leste a oeste; são pouco elevadas em geral (ao menos as que medi), embora deem surgimento ao Oiapoque, Arawari, Mapari, Jari e a outros rios que deságuam no Amazonas ou no oceano; elas devem ser consideradas como a parte mais baixa dos contrafortes a extremo leste da linha divisória de águas da Guiana Francesa e do Brasil. (Ibid. : 209).
Então, existiriam montanhas, mas mais longe...
Figura 2: o mapa de Surville (1778, Fonte: coleção particular de David Rumsey)
É preciso esperar até os anos 1870, com as expedições de Jules Crevaux, para que apareça claramente o nome Tumuc Humac (retomando a grafia de Vidal, o que dá a entender que os mapas dele inspiraram Creveaux e posteriormente Coudreau). Efetivamente, a travessia dessa "cadeia" constitui o objetivo de sua viagem e, alcançando-a pelo rio Maroni com mais facilidade do que havia previsto, ele nota: "A cadeia do Tumucumaque, que separa as bacias do Maroni e do Jari, é bem menos imponente do que imaginamos geralmente. O barômetro não nos indica altitudes maiores que 400m acima do nível do mar". Não havia muito então para alimentar o mito, ainda menos considerando que "Tais observações são uma contradição completa com a teoria de que a cadeia de montanhas do Tumucumaque é a origem de todo o ouro das Guianas." (1878: 411). Assim como muitos de seus precursores, também é a descoberta de filões auríferos que preocupava Crevaux (e mais ainda as autoridades); Ora, nesse âmbito a procura se revela igualmente pouco frutífera. Enfim, Crevaux parece ligar mais especificamente o topônimo Tumuc Humac às colinas que encontrou perto do Maroni: ele quase não menciona esse topônimo quando evoca sua passagem do Oiapoque ao Cuc.
Figura 3: o Tumuc Humac de Coudreau, mapa publicado pelo boletim da Sociedade de Geografia de Paris.
Seu sucessor na exploração da zona, Henri Coudreau, argumentará no sentido contrário. Este descreve, com efeito, o Tumucumaque como uma espécie de cadeia de Pireneus que marcaria a fronteira com a bacia do Amazonas: “A Guiana Francesa forma um anfiteatro do mar ao Tumucumaque, como em uma série de altos degraus de escadas" (1893: 66-67). E se nenhum explorador antes de Crevaux disse isso... foi simplesmente porque não viram bem:
Estou às portas do inexplorado. Sabemos que de fato a cadeia de montanhas do Tumucumaque permanece até hoje completamente desconhecida e desenhada ao acaso nos mapas. Nenhum dos exploradores da Guiana Francesa, nem Grillet, Patris, Mentelle, Leblond, Leprieur ou Crevaux puderam estudá-la. Crevaux a atravessou no alto do Maroni, depois no do Oiapoque, mas, na primeira vez, contentou-se em citar quatro nomes de picos, sem fazer o levantamento topográfico, e na segunda vez passou por vales e não viu montanhas. Mal falando a língua dos roucouyennes e nada de ayampi, não pode pedir informações. (...) Tenho diante de mim um maciço montanhoso de 300 km de extensão por 100 km de largura, do tamanho da Bélgica. Passados 300 anos que possuímos a Guiana, nossos exploradores ainda não puderam levantar nada de afirmativo sobre essa misteriosa cadeia do Tumucumaque. Trata-se de descobrir esse maciço em seu conjunto, estudá-lo no detalhe. Para me guiar, tenho zero documentos escritos, zero ensinamentos indígenas minimamente precisos, nada. (Ibid.:92)
Então, o objeto da busca de Coudreau é a travessia das famosas montanhas. Ele descreve detalhadamente os reconhecimentos de oeste a leste a partir de Pililipou, vilarejo onde passa o inverno no começo de sua jornada; depois, tenta outros reconhecimentos partindo do leste, principalmente do rio Cuc. De acordo com o explorador, durante um deles foi capaz de religar os dois lados – fato refutado por Jean-Marcel Hurault (1973) com vários argumentos que levam a crer que, na verdade, o explorador tentou embelezar seu relato para atribuir a si a "estreia" na travessia de leste a oeste dos Tumucumaque - o que estava, na realidade, fora do alcance. Os mapas de Coudreau, que incluem cadeias e colinas, ficaram por muito tempo no imaginário da topografia da região, em particular o publicado em 1893 pela Sociedade de Geografia (figura 3). A existência dessas montanhas é assumida, embora as provas apresentadas pelos exploradores fossem bem frágeis. Mas quem poderia contestar a palavra de um explorador tão aguerrido?
3 Um obstáculo manifestamente ignorado pela população ameríndia
Grande parte das informações obtidas pelos exploradores vinha dos Ameríndios da região, com os quais buscavam um diálogo que os auxiliasse a guiar suas expedições. Além disso, o próprio reconhecimento da população indígena já constituía um dado importante para os viajantes. As etnias amigáveis permitiriam ir mais longe, ao contrário das etnias hostis ou aliadas dos portugueses, sobretudo no século XVIII, que poderiam impossibilitar prosseguir – sem contar a mão de obra em potencial representada pelos índios, tendo até mesmo La Haye tentado levar consigo um "escravo" trocado por ferramentas em uma aldeia do rio Culari.
Encontra-se grande quantidade de informações em todos os relatos citados. Invariavelmente, eles apontam a existência de inúmeras aldeias ao norte ou ao sul do divisor de águas, bem como a frequência de comunicação entre as duas vertentes. La Haye pode ir rumo à nascente do rio Culari graças aos caminhos de comunicação dos Índios, por onde passarão também De Bauve, Leprieur, Creveaux e ainda Coudreau, seja para atravessar a bacia do Jari ou para chegar até o Amazonas.
Por vezes é salientada a facilidade da passagem, como nos escritos de De Bauve ainda no Oiapoque: "Rouapirer mandou me dizer que, se eu também quisesse lhe dar um sabre e um machado, ele teria o cuidado de manter intacto seu estabelecimento que recém deixara, situado a um dia de distância indo por um afluente do Amazonas" (1835:28). Os ameríndios do alto do Oiapoque podiam então abrir roças para a outra vertente, o que leva a supor que eles não tinham muitas dificuldades para circular entre as duas. Leprieur percebe que os Wajãpi do Oiapoque
são unidos aos do Jari por elos de parentesco que o distanciamento atual não enfraqueceu ainda; no começo da temporada de chuvas, assim que todos os trabalhos de plantio foram realizados, eles vão visitar seus parentes ou amigos além dos montes. Graças a essas relações e esse hábito de viagem, é muito fácil encontrar guias para passar do Oiapoque ao Jari, e por causa dessa facilidade de comunicação eu estava determinado a reconhecer o caminho que conduz do Oiapoque ao Amazonas por esse afluente, esperando que posteriormente ficasse mais fácil obter as coordenadas para me dirigir seguramente ao Maroni, denominado “Arawa” pelos povos que o habitam no curso médio. (1834: 212).
Em sua estadia em Pililipou durante o inverno, Coudreau descreve ainda a visita de viajantes vindos do outro lado dos montes, os quais habitavam o rio Ximi-Ximi e também frequentavam o rio Ouaqui ou o curso superior do Oiapoque. (1893: 157-158).
A noção mesmo de uma cadeia de montanhas seria totalmente estranha à percepção do espaço por parte (...)
A população ameríndia parece, então, ignorar totalmente a "barreira" que deveria ter representado uma grande cadeia de montanhas. Contudo, ainda que eles mesmos reconhecessem que os Índios circulavam facilmente na zona, os exploradores não chegam à conclusão que se impõe e continuam a postular a existência de um maciço montanhoso. Quanto às dificuldades encontradas por Coudreau para atravessá-lo ao centro - apesar de o sargento La Haye ter atravessado com facilidade no século anterior -, estas serão bem explicadas outra vez por Hurault (1957) e novamente relacionadas ao povoamento ameríndio. Com efeito, é o desaparecimento progressivo das aldeias e não o relevo que torna essa zona impenetrável. Sem os guias que conhecem a região e sem os pontos de reabastecimento formados pelas aldeias, os exploradores se deparam com limitações logísticas impossíveis de superar naquela época.
II Uma barreira duplamente simbólica no século XXI
No século XX, houve um duplo movimento no que diz respeito às montanhas do Tumucumaque. Por um lado, elas são confirmadas como fronteira entre a Guiana Francesa e o Brasil e por esse fato acabam sendo cartografadas. Esse desdobramento mostra que elas não existem de fato, ou ao menos não sob a forma concebida até então. Por outro lado, mesmo que se tenha um melhor conhecimento da região, o acesso ainda permanece complicado, não somente em função das dificuldades físicas, mas também de sua classificação como zona de proteção ambiental.
1 Quando a montanha torna-se fronteira (e, de passagem, desaparece)
Como se sabe, o traçado da fronteira entre a França e o Brasil foi finalmente determinado por meio de uma arbitragem internacional, expressa pela Suíça em 1900 (Granger, 2012; Le Tourneau, 2013). A maior parte do contestado tinha relação com o rio Oiapoque, tendo em vista que os brasileiros queriam que o "Japoc ou rio Vincent Pinzon" fosse o rio mencionado no tratado de Utrecht, ao passo que os franceses sustentavam que o tratado referia-se ao rio Araguari ou ao Calçoene. Mas a arbitragem deveria resolver também um segundo ponto, referente ao traçado do limite interno que separaria os dois países uma vez determinado o curso d'água dos tratados históricos. Várias opções eram possíveis: "Quanto ao limite interno, o árbitro optará entre as fronteiras reivindicadas pelas partes e a linha divisória de águas dos montes do Tumucumaque, cujo ponto de princípio será diferente conforme o rio adotado como limite marítimo – seja o Oiapoque, o Araguary ou um curso d'água intermediário." (Conselho Federal Suíço, 1900: 8)
A sentença suíça despende pouco tempo nesse segundo ponto, mesmo sendo de grande importância para configuração do território da Guiana Francesa. Tendo eleito o Oiapoque como fronteira até sua nascente, a sentença a fixa "no divisor de águas até a fronteira com a Guiana Holandesa". Dessa forma, a confederação suíça decide restringir as posições brasileiras, uma vez que o Barão de Rio Branco demandou-lhe que o limite fosse levado ao longo do paralelo 2º24' de latitude norte, o que teria como consequência colocar o conjunto do Tumucumaque no espaço brasileiro – uma demanda realizada unicamente para fazer frente às reivindicações francesas que iam até Rio Branco. A descrição da região dos Tumucumaque no registro suíço é ambígua, pois mistura as informações de que dispõe, particularmente as que vêm de Coudreau, porém sem adotar totalmente suas teses: "A montante, o terreno ascende em degraus até os picos pouco elevados dos morros orientais dos montes do Tumucumaque. Esse sistema de colinas, entre as quais a mais elevada tem 800m, enquanto os montes orientais medem 400 a 450m, fica na região da nascente do Oiapoque, do Cachipour e do Araguary" (Ibid.:56). Entretanto, mesmo que a descrição os compare a um sistema de colinas e não a cadeias de montanhas, mantém-se o topônimo e a descrição desses relevos como um conjunto coerente. A menção à Serra do Tumucumaque permanecerá efetivamente nos mapas durante cinquenta anos.
A famosa serra vê sua estrela ofuscada a partir dos anos 1950, com as missões de delimitação de fronteira lançadas pela IGN. De fato, a arbitragem suíça nada acrescentara à cartografia da região e o traçado presente nos mapas da época ainda era baseado nos trabalhos de Coudreau. Apesar da previsão suíça de que a fronteira seria rapidamente demarcada, nada foi feito durante as duas primeiras décadas do século XX. No fim dos anos 1920, uma primeira tentativa quase aconteceu por demanda brasileira. No entanto, enquanto a França validava a atribuição de créditos no Parlamento (em 1931), o Brasil era atingido pela crise de 1929 e não podia arcar com os custos em questão. Após, foi a França que se encontrou em condições menos favoráveis, de forma que a tarefa do esclarecimento das fronteiras amazônicas, confiada à Primeira Comissão Demarcatória de Limites (PCDL) de Belém, começou pelas Guianas inglesa e holandesa, antes de passar à Venezuela. Contudo, a França se associou brevemente a essa demarcação em 1938. Com efeito, o fim dos trabalhos com os holandeses resultou na delimitação do ponto de trijunção entre Brasil-Guiana Holandesa-Guiana Francesa e delegados franceses foram convidados a se reunir com outras delegações no ponto em questão para participar da sua definição (Le Tourneau, 2013). Uma expedição realizada pelo engenheiro Grébert e pelo capitão Richard seguiu o rio Maroni e contribuiu para a delimitação do ponto, onde foram levantadas as coordenadas. A parte francesa aproveitou sua presença para elaborar uma cartografia sucinta da zona em torno desse ponto, sobretudo de uma parte do maciço Mitaraká.
França e o Brasil se encontraram para demarcar a sua fronteira comum somente uma década depois do término da Segunda Guerra Mundial. A parte terrestre da tarefa pouco interessou ao Brasil, o que é estranho haja vista a grande quantidade de expedições realizadas pela PCDL (que virou Comissão Brasileira Demarcadora de Limites - CBDL) para delimitação das fronteiras com os outros vizinhos. Ele concentrou-se principalmente na questão do Oiapoque, que parecia mais estratégica por duas razões. A primeira é a existência de duas opções de cursos d'água formadores, o Kerindioutou e o Mutaquere, entre as quais a missão de delimitação deveria escolher um braço principal – o que poderia implicar uma perda substancial de território caso não fosse confirmado o afluente norte. A segunda é que o Brasil desejava ter uma visão clara de sua soberania sobre o curso do Oiapoque, potencial via de navegação internacional.
As operações de delimitação de fronteira se desenrolaram em duas fases. Em 1956-57, uma série de expedições de campo permitiu cartografar a região e delimitar um traçado correspondente ao terreno. Em 1961-62, sete marcos foram posicionados em pontos específicos, a fim de materializar o traçado sobre o qual as delegações haviam concordado. Na primeira fase, do limite interno, os trabalhos foram confiados à IGN, sem incluir o Brasil, cuja única participação foi validar os resultados. Os engenheiros Jean-Marcel Huralt e Pierre Frénay coordenaram várias expedições que seguiram os principais rios abaixo do divisor de águas até o limite de navegabilidade, então se aproximaram da fronteira a pé para fazer reconhecimentos de ambos os lados dos pontos alcançados. Para seu trabalho, eles tinham à disposição uma série de fotografias aéreas tiradas durante uma campanha especial da aeronave utilizada pela IGN na época, tendo conseguido algumas só quando já estavam em campo. Por essa razão, os trabalhos deles foram bem mais rápidos do que geralmente eram os realizados pela comissão brasileira, que se baseava antes de tudo na exploração a pé das regiões fronteiriças. Entretanto, em 1961-62, os brasileiros participaram dos trabalhos de demarcação, sua presença sendo indispensável para o reconhecimento dos marcos como limites internacionais. Note-se que o trecho entre o ponto de trijunção delimitado em 1938 e o marco nº 1 não foi reconhecido pelas expedições dos anos 1950, pois a linha divisória de águas parecia clara nas fotografias aéreas. Ainda em 1961-62, foi lançado um reconhecimento nos dois picos do maciço do Mitaraka, mas sem percorrer o conjunto da fronteira dessa zona (IGN, 2005).
A interpretação das fotografias aéreas e os trabalhos de campo mostraram que no sul da Guiana Francesa não existem maciços nem cadeias, somente um mar de colinas sem direção específica ou homogeneidade, nada diferente do relevo do centro do departamento francês (aliás, onde se encontra seu ponto culminante). Só na parte oeste da referida fronteira, próximo ao ponto de trijunção e ao redor do Mitaraká, e na parte oriental, mas com picos menos altos (Mont du Belvédère, Mont Saint Marcel), aparece um relevo mais marcado, mas nada que permita de falar numa barreira contínua de uma extremidade até a outra.
Jean Marcel Huralt concluiu então:
Coudreau preenche o sul da Guiana com cadeias e maciços imaginários. Podemos dizer que ele deu corpo à lenda. Seu 'mapa do Tumucumaque' revelou a seus contemporâneos a configuração detalhada da famosa cadeia de forma que nada os faria duvidar da existência desta, até o momento em que o sobrevoo da região do extremo sul provou que ela não era mais acidentada do que o resto da Guiana. (1973:244)
Ao contrário de seus dois precursores famosos, o geógrafo da IGN implementa a expurgação desse topônimo controverso, principalmente a fim de conter o fascínio que o cerca.
Desde o começo dos trabalhos da IGN na Guiana, eu tinha constatado que a cadeia do Tumucumaque não existia. Inúmeras vezes, solicitei a supressão desse topônimo. Lembro-me de ter escrito em alguma das anotações: 'tomando essa medida, não curaríamos os desequilibrados, eles apenas procurariam o objeto de sua fantasia em outras Guianas. (2000:383).
Então, Huralt adverte:
O emprego do termo 'Tumucumaque' é danoso. Ele não faz referência a nada preciso, pois não há nenhuma cadeia montanhosa na fronteira sul da Guiana. Claramente, tendemos a aplicá-lo a toda a parte meridional do território, representada como uma área misteriosa e impressionante, deixando subentendido que apenas seres de elite podem afrontá-la. (...) O termo Tumucumaque é resultado de uma longa série de farsas e enganos. Está na hora de relegá-lo definitivamente ao passado.
2 A transformação em santuário no início do século XXI
Apesar de definida como fronteira, a Serra do Tumucumaque permanece na condição de limite remoto (e mesmo assim não escapa das pressões, como veremos adiante). Pouco acessível, ela faz parte de uma vasta zona da Guiana Francesa cujo acesso é restrito e controlado pelo governo desde 1970, a fim de proteger as populações indígenas (NAVET, 1998). No Brasil, nenhuma medida específica foi aplicada até o início do século XXI. Nesse momento, o excepcional estado de preservação do seu meio ambiente – conquista de sua dificuldade de acesso - a recoloca como prioridade.
A ideia de transformar a região do Tumucumaque em zona de proteção ambiental não era novidade para o governo brasileiro. Em 1975, o relatório RADAM (Radar da Amazônia) consagrado à região já sugeria essa possibilidade para o rio Ximi-Ximi, baseando-se na riqueza da biodiversidade da região, além do fato de que seu relevo e a qualidade do solo a tornam imprópria para a agricultura. Em 1992, enquanto o Brasil preparava a Conferência do Rio de Janeiro, a ECO-92, o projeto foi retomado (Gallois, 2008), mas no fim foi abandonado em detrimento de outras áreas de proteção ambiental de grande extensão que seriam criadas na Amazônia. Em 1999, evoluiu a ideia de uma área de proteção ambiental que contemplasse os dois lados da fronteira com a Guiana Francesa e diminuísse a pressão exercida pelos garimpeiros.
Contudo, a situação se resolve apenas no início dos anos 2000. Nessa época, o Instituto Brasileiro de Colonização e Reforma Agrária (INCRA) estava em maus lençóis, acusado pelo Ministério Público de ter contribuído para o desmatamento da Amazônia. Para evitar a pesada multa, o Instituto propôs uma transação compensatória através da qual cederia uma parte de seu patrimônio fundiário para criar novas zonas de proteção ambiental33. Nesse contexto, em 2001, foram realizadas audiências públicas e feitos estudos pelo Museu Goeldi de Belém sobre a criação de um parque nacional. As consultas continuaram no ano seguinte, o parque sendo enfim anunciado oficialmente e homologado com cerca de 3,8 milhões de hectares em 22 de agosto de 2002 (a tempo de ser anunciado na Conferência de Durban – ou Rio +10 – como o maior parque nacional de floresta tropical do mundo.) Fazendo jus à lenda, o nome dado a essa nova área protegida é "Parque Nacional Montanhas do Tumucumaque".
Não obstante, nesse estágio a criação é ainda essencialmente simbólica, na medida em que a região é pouquíssimo conhecida. De 2003 a 2005, cinco expedições de reconhecimento foram despachadas com o apoio do projeto ARPA (Associação Riograndense de Proteção aos Animais) e do WWF (World Wide Fund for Nature). Paralelamente, a estrutura administrativa é estabelecida (mas com apenas meia dúzia de setores para quase quatro milhões de hectares...). Em 2010, finalmente foi aprovado um plano de gestão fixando as orientações gerais a curto e médio prazo, bem como o zoneamento do território.
De lado francês, a origem do processo foi semelhante, tendo a criação de um parque no sul da Guiana francesa sido anunciada durante a ECO-92. No entanto, apesar de dois projetos elaborados em 1995 e em 2000, a criação fica estagnada por muito tempo por causa das questões das populações locais e do acesso aos recursos naturais (Grenand, Bahuchet et Grenand, 2006 ; Grenand & Grenand, 2011) . Somente em 2006 o terceiro projeto foi validado pelos colaboradores e, em 27 de fevereiro de 2007, homologado por um decreto ministerial (Aubertin et Filoche, 2008). Conforme a nova legislação sobre parques naturais, em vigor desde 200634, o território do “Parque Amazônico da Guiana Francesa, Parque nacional” está dividido em duas partes: a zona central (2,03 milhões de hectares), onde a proteção ambiental é total, e a zona de livre adesão (1,36 milhões de hectares) negociada com as comunidades e onde as atividades legais são definidas por uma carta.
Os dois parques se unem ao longo da fronteira terrestre entre a Guiana Francesa e o Brasil e, com exceção de uma pequena parte em volta do alto do Oiapoque no lado francês, o conjunto do relevo considerado como pertencente à Serra do Tumucumaque se encontra na zona central das áreas protegidas. A vocação dos Tumucumaque como reserva natural está, então, definitivamente selada desde os anos 2000.
3 Vazio demográfico e pressões externas
A maior parte das aldeias indígenas da região do Tumucumaque desapareceu nas primeiras décadas do século XX, particularmente as que se localizavam nos afluentes principais do Jari - os rios Ximi-Ximi e Mapaoni. No início dos anos 1950, havia somente duas áreas ocupadas por indígenas. A primeira, formada pelos Wayana, localizava-se no lugar chamado Molocopote, 10 quilômetros a jusante da desembocadura do rio Mapaoni no Jari. Essa aldeia foi finalmente abandonada pelos últimos habitantes nos anos 1970, devido aos conflitos repetitivos com os garimpeiros que invadiram a região. A segunda, situada no rio Cuc e nos principais afluentes da margem esquerda, era ocupada por aldeias dos Wayãpi. Também por causa da presença dos garimpeiros, mas sobretudo por dificuldades sanitárias e epidemias recorrentes35, ondas migratórias de sobreviventes dessas aldeias chegarão ao Oiapoque no fim da década 1960 (Grenand, 1982 ; Le Tourneau, 2013).
Com isso, a partir de 1975, uma vasta região de ambos os lados do divisor de águas ficou totalmente deserta de populações ameríndias, que as ocupavam desde o século XVIII. A oeste da região, as tribos Wayana se refugiaram no ou rio Lawa (que corresponde ao curso médio do Maroni) e seus afluentes situados em território surinamense, ou no rio Paru, no Brasil. Ainda que esporádicas, viagens de ambos os lados pelo antigo caminho do Mapaoni continuaram a acontecer nos anos 1980, e depois cessaram completamente. A leste, a população Wayãpi se concentrou no Oiapoque, na Guiana Francesa, ou bem mais ao sul, já no Brasil, nas margens do rio Inipuku. As relações entre os dois polos são doravante realizadas por meios de transporte modernos contornando o maciço florestal. Tanto a leste quanto a oeste, o deslocamento das tribos resultou no desaparecimento de dois grandes itinerários de travessia norte/sul do Tumucumaque (rota Litany/Mapaoni e rota Oiapoque/Cuc).
O desaparecimento das populações indígenas está amplamente ligado às crescentes pressões exercidas pela população do exterior da região sobre os recursos naturais. Desse ponto de vista, as condições na Guiana Francesa e no Brasil não foram as mesmas. No primeiro caso, o controle exercido pelo governo por muito tempo permitiu limitar, sem proibir completamente, a presença de garimpeiros. Além disso, as dificuldades de acesso ao sul da Guiana e a presença de filões rentáveis mais ao norte, principalmente no rio Camopi, afastaram a atividade de garimpo ilegal do Tumucumaque.
No Brasil, a presença de garimpeiros na região é antiga. No fim dos anos 1930, a CBDL havia encontrado um garimpeiro do Suriname, Poet Remyoland, instalado nas redondezas das aldeias ameríndias do alto Jari36. Por outro lado, até a década 1960, a região era utilizada por caçadores atrás de couro e peles, que estabelecem uma logística baseada na abertura de uma pista de aterrissagem nas redondezas do rio Cuc. A partir de 1970, o ótimo conhecimento geológico da região proporcionado pelo projeto RADAM desencadeia uma explosão de atividades de mineração em torno do curso médio do Jari (Gallois, 1985). Aproveitando a logística disponível nessa zona, certos garimpeiros se arriscam mais ao norte e abrem pequenas pistas ao longo dos rios Mapaoni e Culari (bem como perto da nascente do Inipuku). O ouro não é o único metal visado; explora-se também a cassiterita e eventualmente outros metais raros. A maior parte dessas pistas continuou operante até o começo dos anos 2000. Durante a criação do parque nacional no Brasil, uma campanha da Polícia Federal as desativou (Gallois, 2008 ; Le Tourneau, 2013) .
A análise das imagens de satélite e os dados de campo parecem confirmar que a atividade mineira (agora ilegal já que a região pertence a parques nacionais tanto ao norte quanto ao sul) não atinge mais o Tumucumaque a partir dessa época, embora a passagem de garimpeiros por esta região seja provável. Considerando a intensidade da pressão no resto da Guiana Francesa e em algumas zonas do Amapá, isso é surpreendente. É possível que o afastamento seja em grande parte responsável por tal fato consumado: protegida por dezenas de quedas e inclinações, o acesso à zona é muito difícil e requer uma logística cujo custo torna as operações de exploração pouco lucrativas. No entanto, não devemos nos enganar: se os garimpeiros já instalaram pistas nos rios Mapaoni e Culari, logo ao sul do divisor de águas, provavelmente quando os filões mais acessíveis se esgotarem, os garimpeiros se voltarão para essa imensa reserva. Se ainda não atravessaram a Serra do Tumucumaque (pelo menos pelo que constatamos), poderão certamente atravessá-la amanhã.
III Atravessar a Serra do Tumucumaque atualmente
A travessia do Tumucumaque é, hoje em dia, ao mesmo tempo mais simples e mais complexa do que era para os exploradores do passado. Mais simples, pois os meios tecnológicos e logísticos progrediram muito; alimentação leve e de longa duração é facilmente adquirida, pontos de acesso podem ser criados para entrar ou sair próximo de um lugar qualquer usando heliópteros e meios de comunicação deixam a aventura bem menos arriscada – apesar de ainda comportar perigos. Mas, ao mesmo tempo, o desaparecimento das populações indígenas durante a primeira metade do século XX priva as expedições de pontos de apoio e, sobretudo, dos indivíduos que conheçam bem a região. Dessa forma, é preciso confiar nos dados externos disponíveis.
1 A configuração da região
Com uma área a abrangência mais extensa que os dados coletados pela IGN durante as missões dos anos 1950, as imagens de radar do ônibus espacial americano na missão SRTM37 dão uma visão bastante detalhada da configuração do relevo, não apenas do sul da Guiana Francesa mas do conjunto do Platô das Guianas.38 Como vemos na figura 4, o sul da Guiana Francesa, ainda que constitua uma parte do divisor de águas entre a bacia do Amazonas ao sul e as dos rios Oiapoque e Maroni ao norte, não constitui um maciço montanhoso. Forma, no máximo, uma estreita franja oriental do Platô das Guianas, que é mais marcada no oeste do Estado do Pará e cuja borda norte, um pouco mais elevada, marca a fronteira entre o Brasil e o Suriname. Se as "Tumucumaque" são montanhas situadas no Platô das Guianas, é sem dúvida essa região que mais mereceria essa denominação - que ela já possui de certa forma, pois corresponde, no Brasil, ao território do Parque Indígena do Tumucumaque.39
Figura 4: o relevo do sul da Guiana Francesa no contexto regional
Em média, as altitudes da região sul da Guiana Francesa não ultrapassam 500m no oeste e 350m no leste, perto das nascentes do Oiapoque. Visto de perto, esse relevo é mais bem descrito como uma série de colinas; algumas formam alinhamentos, mas não se percebe nenhuma linha diretriz. Apenas alguns inselbergs têm o cume destacado, às vezes de mais de 100 metros, principalmente no maciço do Mitaraka (681 m.), perto do ponto de trijunção Brasil/Suriname/Guiana Francesa. Estes são caracterizados pelo fato de que suas encostas mais acentuadas são desprovidas de vegetação. Em alguns casos (marco 1, marco 4), as zonas nuas cobrem toda ou parte da colina, ainda que o declive seja pouco acentuado. Em outros, os inselbergs são cercados por planaltos cobertos de vegetação rasteira e xerófila. Entretanto, embora representem uma paisagem memorável – frequentemente utilizada como imagem simbólica da região, principalmente do Parque Nacional das Montanhas do Tumucumaque –, os inselbergs representam apenas uma fração do relevo.
Mesmo com altitudes modestas, a topografia da região não deixa de apresentar temíveis problemas de passagem, particularmente para quem se desloca a pé. Intensamente moldado pela erosão nas rochas do escudo guianense, o relevo do Tumucumaque corresponde efetivamente ao modelo de "meia-laranja" (figura 05). Cada colina sofreu erosão em todas suas faces, de forma que dificilmente se encontra uma linha de crista para ligar uma a outra. Quem lá se aventura deve enfrentar uma repetição quase infinita de desníveis, pequenos, mas íngremes (particularmente no primeiro terço, devido ao perfil hemisférico), cuja quantidade esgota rapidamente o potencial físico dos exploradores.
1
Legendas:
Esquematização - Relevo - Mangue de drenagem mal determinada - Enseadas 2. Tradução no mapa IGN a 1: 50 000 3. Relevo em corte ao longo do trajeto
Figura 5: o relevo em meia-laranja
Além do relevo, a vegetação também impõe dificuldades significativas, mas contrastantes. Grande parte das colinas é cobertas de floresta de terra firme, dominada por grandes árvores e com sub-bosque livre (figura 6). Este pode evoluir para florestas dominadas por palmeiras, ou conter formações inferiores mais densas quando o dossel é descontínuo. Qualquer que seja a configuração, essas formações florestais são percorridas com bastante facilidade e são as melhores opções para realizar um deslocamento. Elas não são, no entanto, contínuas. Com efeito, nas encostas e no topo das colinas se encontra uma espécie de arundo escandente, denominada localmente cambrouze (arundo exotica), que compõe meadas impenetráveis (a densidade dessas plantas sufoca a vegetação existente e impede o reflorestamento), às vezes por vários quilômetros. Nelas, o percurso exige longas e exaustivas roçagens. Ainda que nenhum elo direto possa ser estabelecido entre essa etapa e uma presença humana anterior, pode-se observar que os cambrouzes ocupam frequentemente zonas que poderiam ter constituído roçados indígenas, e que esse tipo de regeneração preenche rapidamente clareiras abertas em torno dos marcos (por exemplo, para o pouso de helicópteros).
Figura 6: formações e paisagens do Tumucumaque: 1. Inselbergs na região do Mitaraka; 2. um cambrouze; 3. Sub-bosque aberto no cume da colina; 4. Mangue entre duas colinas.
Entre as colinas se encontram vales de fundo plano, mais ou menos extensos, nos quais a água tende a se estagnar em razão da densidade da vegetação e, por consequência, da significativa camada de matéria em decomposição que cobre o solo. Esses mangues40 são principalmente colonizados por palmeiras de açaí (euterpe oleracea) nas zonas mais inundadas e compõem outro obstáculo para o deslocamento, uma vez que lá se afunda de vinte a trinta centímetros a cada passo. No curso superior de certos rios, principalmente no lado norte, os mangues podem se transformar em zonas abertas colonizadas por gramíneas extremamente densas, equivalentes aos cambrouzes no alto das colinas. Atravessar os manguezais a pé ou de canoa é extremamente difícil.
A Serra do Tumucumaque é, hoje em dia, deserta de presença humana. A noroeste, as aldeias Wayana mais próximas se encontram a cerca de 100 km de distância da linha do divisor de águas. Já a nordeste, há apenas o complexo de aldeias de Trois Sauts no Oiapoque, com 571 habitantes, e grande parte da população ameríndia se concentra no Camopi, a cerca de 150 km de distância dos montes (Davy, Trisch et Grenand, 2012 ; Grenand, Grenand et Davy, 2017). Ao sul, no Brasil, o afastamento é ainda maior. Com exceção das tribos ameríndias isoladas em seu território no Parque do Tumucumaque, as primeiras aldeias Wayãpi se encontram a mais de 170 km em linha reta. Nenhuma dessas comunidades frequenta esporádica ou itinerantemente a região do divisor de águas, a não ser em viagens de caça dos Ameríndios de Trois Sauts, que seguem na direção das nascentes do Oiapoque ou da Camopi (ibid.), em algumas expedições de caça dos Wayana no rio Tampok (PFG) ou em algumas excursões turísticas acompanhadas por guias Wayana no Litani e nas proximidades da tríplice fronteira.
Pequenos vilarejos se encontram num raio bem distante do divisor de águas: Maripasoula, no rio Maroni; Saül, no centro do departamento; Camopi, no Oiapoque; Serra do Navio, a sudeste; por fim, Laranjal do Jari, no curso inferior do Jari. Nenhum deles está a menos de 150 km da fronteira.
2 Como atravessar a Serra do Tumucumaque?
Várias alternativas são oferecidas para atravessar a famosa região do Tumucumaque. No sentido norte/sul ou sul/norte, cada grande rio formador (Camopi, Alice, alto Marouini e Alama na Guiana Francesa; Cuc, Culari, Curuapi e Mapaoni no Brasil) fornece uma boa via de penetração até a faixa de colinas de 15 km de extensão que forma o centro da Serra. Esses rios têm, em geral, meia dúzia de saltos mais ou menos imponentes (sem contar, claro, os numerosos saltos dos grandes cursos d'água que dão acesso à região: Camopi, Tampak, Marounini na Guiana Francesa e Jari no Brasil). Alguns são verdadeiros muros de 2-3m de altura, como o salto Alice no igarapé homônimo, outros são séries de corredeiras ouvidas a longas distâncias (salto Cachiri no rio Mapaoni). No entanto, com embarcações leves, é relativamente fácil navegar até aproximadamente 20 km do divisor de águas.
A essa altura, as enseadas se dividem em inúmeros afluentes e mesmo seguindo seus cursos principais, elas logo perdem volume: "É agora que surgem as árvores caídas, colossos que a idade ou as ventanias derrubaram nos cursos d'água para desgraça dos canoístas" (Coudreau, 1893: 572). Os rios são demasiado estreitos para que se possa contornar as árvores tombadas, então é preciso passar por cima, por baixo, ou ainda serrá-las, o que retarda consideravelmente a viagem. Chegando a cerca de 10-12 km da linha divisória de águas, não vale mais a pena o tempo despendido para liberar os igarapés e pode ser mais eficaz continuar a viagem a pé. Observe-se, no entanto, que a expedição Mitaraka pode enviar uma parte de seu reabastecimento pelos rios, e que as expedições de fronteira da IGN nos anos 1950-60 abriram igarapés muito a montante a fim de trazer seus materiais, sobretudo o cimento necessário para confeccionar os marcos. Em função do tempo disponível e da carga a ser transportada, é então possível chegar muito perto do divisor de águas por via fluvial. Atravessar a linha divisória de águas de canoa é evidentemente impossível (embora, segundo vários exploradores dos séculos XVIII e XIX, alguns mangues situados bem no alto curso do Oiapoque poderiam comunicar-se com o leito de rios no Brasil, oferecendo assim uma via de passagem em temporada de chuvas). É necessário, então, atravessá-la a pé e confeccionar novas embarcações usando casca de árvores (solução utilizada até o século XIX), trazer consigo botes (por exemplo, os barcos desmontáveis utilizados na expedição Culari-Tampok), ou ainda trazer as embarcações por via aérea (como no caso da expedição organizada em 2000 pela associação Alabama nas pegadas de Crevaux41).
Existem várias possibilidades de travessia norte/sul: pelo menos três vias principais na Guiana Francesa e quatro no Brasil, com tantas variáveis quanto há de pontas de enseadas, cuja hierarquia não é sempre evidente.
No que diz respeito à travessia leste/oeste, a escolha é muito mais restrita. Como foi dito, a tentativa de Coudreau de dividir a região em morros e maciços se apoiava antes de tudo em uma autopersuasão. A única linha diretriz que é possível encontrar no relevo (mesmo apresentando numerosas exceções) é o fato que grande parte dos cursos d'água tende a ser alinhada, grosso modo, norte/sul ou sul/norte, de forma que a travessia longitudinal é perpendicular. A travessia de cada um desses vales é um enorme esforço físico, tanto por causa das encostas íngremes, particularmente na parte leste, quanto por causa dos mangues fundos que rodeiam os igarapés e da densa vegetação presente em suas margens quando estas atingem alguns metros de largura. A isso, soma-se ainda o esforço de constantemente ter de ultrapassar escaladas e declives, curtos mas não menos acentuados, em razão da configuração em meia-laranja do relevo. Devido a isso, o melhor itinerário para uma travessia leste/oeste consiste em seguir o máximo possível a linha divisória de águas, como foi o caso durante a Campanha dos Sete Marcos, realizada em 201542. No divisor, várias colinas são ligadas umas às outras por passos estreitos, que permitem (quando consegue-se os localizar, o que não é simples) minimizar os desníveis e avançar de maneira conveniente.
Qualquer que seja a direção da travessia, a questão crucial continua sendo a logística, na medida em que desapareceram os pontos de apoio que as aldeias ameríndias constituíam. No Brasil, a equação tornou-se ainda mais complexa em razão da desativação da pista de Molocopote em 2006, situada dez quilômetros a jusante da foz do rio Mapaoni. Apesar de ter sido aberta pelas autoridades durante os anos 1970 principalemente a fim de controlar a zona e scundariamente para criar um posto de assistência (que nunca funcionou) para os Índios, ela foi utilizada principalmente pelos garimpeiros durante três décadas. No entanto, essa pista serviu a expedições como a de J. Harrison (Harrison, 2004) ou ainda a do WWF no Jari em 2005. Com sua destruição pela Polícia Federal, o centro mais próximo, no Brasil, fica a mais de 200 km ao sul.
No caso das expedições fluviais, incluindo as travessias da linha divisória de águas, a capacidade de carga é, em geral, bastante significativa; dessa forma, dependendo do número de participantes, uma expedição pode pretender manter-se autônoma durante um mês, tempo suficiente para realizar a travessia norte/sul da região. Foi o caso da expedição Culari, efetuada em 2013, na qual pudemos subir o rio homônimo e, depois de atravessar o divisor de águas a pé, descer no igarapé Alice e no rio Tampak utilizando botes desmontáveis. Já no caso das expedições totalmente a pé (a única possibilidade para a travessia leste-oeste), a quantidade de mantimentos necessária superaria a capacidade de carga dos participantes, obrigando-os a optar entre duas soluções. A primeira seria viver principalmente de recursos da floresta, que parecem, no entanto, limitados – uma vez que a caça é uma atividade muito aleatória num contexto de deslocamento permanente e a pesca não é possível nas cabeceiras dos córregos do centro do Tumucumaque. Essa alternativa só funcionaria em travessias de curta duração e apenas em uma parte do percurso. Como destacam todos os exploradores, nem mesmo os ameríndios se arriscam nesse tipo de expedição sem levar uma considerável provisão de farinha, cujo esgotamento sinaliza o término imediato das operações (Le Tourneau, 2016). A segunda consiste em contar com os reabastecimentos pontuais trazidos ou por via fluvial ou de helicóptero – nos inselbergs ou nas clareiras abertas na floresta usando o material de roçagem trazido justamente para tal fim. Contando com tal logística, um grupo aguerrido para deslocamentos na floresta pode percorrer os 320 km da fronteira em seis semanas.
Conclusão
Apesar de haver lógica no emprego do topônimo Tumucumaque para os relevos situados na fronteira entre o Brasil e o Suriname, parece exagero estendê-lo até o sul da Guiana Francesa – o que foi feito principalmente por um cartógrafo (o Alferes Vidal) e dois exploradores (Henri Coudreau e Jules Creveaux) no século XIX. Afinal, se o nome Tumucumaque é bem útil para fazer referência à região do interflúvio entre o Amazonas, o Maroni e o Oiapoque, reúne sob a mesma etiqueta regiões de perfis bem diferentes, como a região da nascente do rio Litani, rica em inselbergs, e as exíguas colinas que rodeiam a nascente do Oiapoque. O termo sustenta igualmente a fantasia de uma barreira montanhosa, que jamais existiu, separando a Guiana Francesa do Brasil. Enfim, ele remonta à busca do Eldorado, com a qual se relaciona parcialmente, ao menos no plano cartográfico, já que o lago Parimé por muito tempo foi situado no coração ou nas proximidades das famosas montanhas.
Não obstante – e é aqui que a realidade encontra a ficção –, existe ouro na Serra do Tumucumaque, como comprova a existência das pistas de garimpo na parte sul, e seu relevo é uma experiência concreta e extenuante para quem a atravessa, ainda que pouco espetacular em termos de altitude. Associado tanto a um mito quanto a uma realidade geográfica, o nome perdura em inúmeros mapas e também no imaginário popular. Então é preciso, apesar de tudo, admitir tal uso para designar as colinas do sul da Guiana Francesa. Afinal, será que um topônimo precisa ser legítimo?
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Études de traduction
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Bio
As a child, I soon discovered a huge interest on foreign languages; having studied English, Spanish and German, it was French that I chose to specialize for my Bachelor’s and Master's Degree on Translation. Over my years of education, I practiced translation of all kind of texts and had the opportunity to be a Trainee on a Terminological project, in which I developed truly useful skills for the translation praxis. In this period I started my professional experience, at first translating academic texts for private people and then working with a Medicine specialized Publisher. While elaborating my research for the Master Degree in Translation Studies, I worked also as French and English instructor, wherewith I completed the experience I needed to confirm: I am an outstanding language professional.
Mots clés : portuguese, localization, MT PE, french, available